06/12/2009

Jus et nez


Il y a quelques années, j'ai eu le privilège de côtoyer Monsieur Jean-Paul Guerlain, dans son paradis, à Mayotte, au milieu de sa plantation d'ylang-ylang et de frangipaniers. Le frangipanier est mon arbre favori, sa fleur est parfaite avec ses 5 pétales légèrement incurvés, et c'est également mon odeur préférée et j'attends toujours le parfum qui saura me l'offrir, M. Guerlain m'a expliqué que ce n'est pas possible car cette fleur ne se laisse pas "capturer". C'est-à-dire que les odeurs de frangipaniers qui sont sur le marché sont des imitations synthétiques mais que l'essence de cette fleur ne se laisse pas capturer dans une huile essentielle. Il avait créé dans son jardin un chemin qui, parcouru à la tombée du jour, heure où les fleurs exhalent, construisait un parfum idéal selon lui, dont il rêvait de pouvoir inventer la recette. Certaines rencontres nous marquent plus que d'autres, celle-ci a été importante pour moi, d'abord parce que c'est un grand Monsieur, qui a une histoire de vie passionnante, ensuite parce qu'il m'a donné envie de découvrir un univers que je ne connaissais pas du tout. Il disait que chaque parfum qu'il avait créé, il l'avait construit en hommage à une (des très nombreuses) femme de sa vie.

Après m'avoir respiré le cou, il m'a offert L'Heure Bleue, en me disant qu'il m'irait très bien et qu'il devrait me plaire. Je n'ai pas compris tout de suite à quel point c'était un compliment. Il y a quelques semaines, j'ai découvert le site d'un critique de parfum qui a décidé de rester anonyme et qui est soupçonné par la métier d'être une taupe dans une grande maison. L'univers des parfumeurs -ou nez donc- est inconnu, mystérieux, magique... et n'est donc jamais critiqué, pourtant les "sorties" sont de plus en plus nombreuses chaque saison. En parcourant ce site on découvre un vocabulaire, l'existence de structures voire d'architectures et un ton.

Quelques exemples avec des parfums que je porte et des critiques élogieuses :
- L'eau de pamplemousse rose d'Hermès
- Escale à Portofino de Dior
- Un Jardin en Méditerranée de Hermès

Des critiques acerbes, certaines attendues, d'autres plus étonnantes :
- Karma de Lush
- Maman et bébé de l'Occitane
- John Galliano
- 1 million de Paco Rabanne
- Magnifique de Lancôme
- CK One Summer de Calvin Klein
- Nina de Nina Ricci
- Moon Sparkle de Escada (spectaculairement mauvais, rien que ça !)
- Intimitely Beckham
- Insolence de Guerlain

Des critiques qui intriguent et donnent envie de découvrir par soi-même :
- Lonestar Memories de Andy Tauer
- Cologne de Thierry Mugler (l'antithèse d'Angel, ça ne peut que me plaire !)
- El Attarine de Serge Luthens
- Musc Gingembre de Melvita
- White Musc for Men de Body Shop
- Le Mas des Verveines de Lothantique
- Un Jardin sur le Nil de Hermès
- Un Jardin après la Mousson de Hermès
- Infusion d'Homme de Prada
- Eau de Shalimar de Guerlain

Et des critiques avec lesquelles je me sens remise en question car je pense l'inverse :
- Roadster de Cartier (yeurk)
- Guerlain Homme (mmmmhhhh)
- Ma Dame de Jean-Paul Gautier
- Serge Noir de Serge Luthens

Bref, apprendre à plonger le nez dans un jus sans être influencé par un nom ou un flacon.
Et une petite dédicace pour Rose et son amour du Musc qui m'a donné envie d'écrire ce billet.

8 commentaires:

  1. Shalimar et L'Heure Bleue, ma mère les porte donc pas moyen. J'ai l'eau légère parfumée shalimar que j'adore et n'a rien a voir avec shalimar. Et quoiqu'il/elle dise sur Insolence, je le garde: jamais un parfum n'a aussi bien tourne sur ma peau, le seul qui m'ait rendue semi fidèle en parfumerie.

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  2. Moi femme Guerlain depuis le jour où, dans les années 80 j'ai voulu par curiosité mettre le nez dans un parfum qui portait quasiment le nom d'un de mes groupes préférés (Mitsouko). Il y a eu Jicky, une goutte de Shalimar en parfum ... mais je suis toujours revenue au port.
    Étonnant que le Grand Monsieur ne t'ait pas parlé de la "Guerlinade", dont on dit qu'elle est présente dans toutes les créations de la maison qui datent des (presque) années 20, et qu'elle rend accro au point qu'on ne peut pas changer par la suite (légende nasale???)
    Quant à la fleur de frangipanier, c'est juste une porcelaine de la nature. Et je suis d'accord avec toi, c'est une perfection entêtante !

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  3. La guerlinade existe, mais pas dans tous les jus de la maison... Bien présente dans l'Heure Bleue...

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  4. Merci Funambuline, de me faire figurer dans ce très beau post...

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  5. Tiens, ça donne envie de découvrir ce parfum, l'Heure Bleue... Vais allez sentir ça bientôt, je pense.

    Mon parfum c'est Murmure de Van Cleef and Arpels... Très fidèle à lui depuis que je l'ai découvert il y a quelques années. Mais la fabrication a été arrêtée en fin d'année dernière si mes souvenirs sont bons et je vis désormais sur les quelques réserves que j'ai pu faire mais qui ne seront plus bientôt qu'un lointain souvenir. L'idée de devoir lui trouver un remplaçant m'angoisse un peu (pas encore commencé à chercher)

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  6. Content que le site vous plaise!

    Je ne détiens pas la vérité absolue bien sûr. L'ojectif est de critiquer les parfums pour une parfumerie plus belle, et plus créative.

    Mais aussi de découvrir des marques qui ne sont pas forcément disponiblent chez Sephora/Marionnaud...

    Bref d'être curieux :-)

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  7. Le critique de parfum > justement, il est difficile d'avoir accès à autre chose que Sephora (qui n'existe pas en Suisse, d'ailleurs) ou Marionnaud.

    On trouve par exemple Serge Lutens à Globus (un magasin un peu prout-prout). On trouve quelques autres marques (Creed, Comme des Garçons, Etro) chez Bon Génie (un magasin encore plus prout-prout), mais le reste la plupart des maisons mentionnées sur le blog? Jamais vu.

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  8. @ le critique du parfume : merci de la visite !
    Pour ce qui est d'autres marques, en Suisse, comme le dit M'dame Jo, il est compliqué de trouver autre chose que les marques archi reconnues et même pour elles ont ne trouve parfois que les best sellers...

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