30/06/2014

Le Marché des Vignerons


Le premier Marché des Vignerons a eu lieu samedi 28 juin, de 11h à 18h, à la Place Saint-François à Lausanne. C'était l'occasion de découvrir sept domaines, de sept régions viticoles vaudoises. Pour la très modique somme de CHF 10.-, on vous donne un verre (que vous pourrez garder) et un petit livret de dégustation, il s'agit ensuite d'être stratégique dans votre dégustation. Certains tentent de goûter à tout, d'autres se concentrent sur les cépages qu'ils aiment pour trouver ce qu'il y aura de meilleur et d'autres, dont je fais partie, se réjouissent de se faire surprendre.

Chaque vigneronne et vigneron présentait une gamme de ses produits et des propositions de prix très avantageuses, ce qui a apparemment plu aux très nombreux Lausannois et Lausannoises présents lors de ce marché (plus de 200 personnes sont venues déguster). Si je mets tous ces mots au féminin c'est parce que j'ai été très agréablement surprise du nombre de femmes, tant derrière les stands que du côté des dégustatrices. Sur les 7 stands, deux ne comportaient pas de femme et un ne comportait pas d'homme, les autres étaient mixtes. Les dégustateurs étaient plus jeunes et plus féminins que ce à quoi je m'attendais et je suis ravie, si les femmes et les jeunes s'intéressent de plus en plus au vin suisse, il a de l'avenir !


Lausanne à Table n'est pas l'organisateur du Marché des Vignerons qui est une entité indépendante, mais elle soutient cet événement dans sa volonté de promouvoir les produits du terroirs auprès des Lausannois. Pro-vino organisait de mains de maître la logistique de la manifestation et les merveilleuses femmes de Terre Vaudoise nous ont régalés toute la journée de leurs spécialités. Les CHF 10.- récoltés pour chaque verre permettent de payer l'organisation et les infrastructures nécessaires pour accueillir les dégustateurs et les vignerons, ce qui permet aux vignerons de ne rien devoir débourser pour participer à cette manifestation... à part les vins qu'ils font déguster. Voilà pour les coulisses.

Passons au coeur du sujet (j'ai soif), les vins.


Comme je vous le racontais plus haut, j'avais envie de me faire surprendre. Mon goût habituel va aux vins blancs, secs, minéraux... quelle chance de vivre si près du Lavaux ! Je ne me lasse pas d'un élégant Saint-Saphorin, d'un équilibré Epesse ou d'un gourmand Calamin. J'en ai dégusté un exceptionnel chez Agathe et Toni de la Famille Fonjallaz d'Epesse, pas étonnant que leurs Calamin gagnent autant de médailles d'or, c'est un nectar... mais ça ne m'a pas surpris, le Calamin c'est au pire bon, souvent exceptionnel.


Ma première surprise a eu lieu chez leurs voisins, Jean-Daniel et Marc-André Stoky (et Madame non nommée mais néanmoins très présente !) de Féchy, La Côte donc, que je connais moins. "La Goutte de l'Amitié" est un vin d'apéritif parfait, il plairait probablement même à ceux qui n'aiment pas le vin blanc, on le boirait comme du sirop, dangereux... Ils m'ont ensuite fait découvrir leur magnifique Pinot Gris, puis est arrivée la surprise. 
Moi qui leur disais que je n'aime pas les vins doux, ils m'ont tout de même servi leur Muscat blanc, intitulé "Gaby" du nom de la mère de Madame à qui appartenait cette vigne et de sa petite-fille, quand je vous dis que le vin suisse devient aussi un monde de femme ! Ce Muscat presque sec, rond, gourmand, sentait la fleur de sureau, le fruit jaune, le soleil de fin d'après-midi sur un mur de pierre, la voisine vigneronne d'Epesse l'imaginait déjà accompagnant un tartare de féra fumés et de fleurs de fève. 


Leur voisin venait de Chardonne, Jean-Pascal Wirthner du Domaine Montimbert, il présentait deux vins blancs et trois vins rouges. On comprend immédiatement en découvrant ses étiquettes que la dégustation va être originale, car il présente un assemblage de cépages blancs, ce qui est rare en Suisse Romande. Son discours est beaucoup moins marketing s'adapte à chacun, et parle des vins et de sa région avec tendresse. Son blanc d'assemblage, intitulé Profil Blanc est étonnant. Je n'ai malheureusement pas noté les différents cépages qui constituaient ce vin. J'en garde un souvenir d'équilibre, un nouveau goût que mes papilles ne connaissaient pas encore (et ont beaucoup apprécié). L'histoire de son vin est amusante, il adore faire des profils (= creuser la terre en profondeur pour découvrir le profil du sol, l'état des racines, l'état rocheux, etc.) et selon les profils, il a testé plusieurs cépages qui correspondaient en petites quantités pour tester. Sauf que vu que ses profils étaient très bons, les quatre cépages tests ont très bien tenus, il a donc testé les vinifications, nouveau problème : les quatre étaient très bons. Impossible de commercialiser d'aussi petites quantités, il a donc tenté de les mélanger "juste pour voir". Le résultat est superbe !
Je ne vous ai parlé que de blancs jusqu'ici, parce que mon goût m'y pousse, mais chaque stand présentait des vins rosés et rouges également. La Suisse qui a longtemps eu mauvaise réputation dans ce domaine a fait des bons de géant ces dernières années. Chez Jean-Pascal Wirthner, j'ai adoré le Gamaret, qui m'a donné envie de le tester avec du chocolat noir (réminiscences de Chocolac je suppose !), fruité, belles acidité et légèreté. Puis il m'a fait goûter son assemblage de Garanoir, Gamaret et Diolinoir, intitulé la Petite Cuve, et là, force est de constater que ce monsieur est très très très bon pour les assemblages ! C'est le rouge que j'ai préféré de la journée, original, du caractère, droit dans ses bottes (ça se sent bien que j'ai du vocabulaire oenophile hein ?), séduisant. Je ne manquerai pas d'aller me promener à Chardonne bientôt pour découvrir le Domaine Montimbert plus en détail, l'originalité de ses vins m'a conquise !


Puis j'ai découvert mon coup de coeur, humain, du jour, Maryline Lavenex, qui tient son domaine avec sa fille Amélie. Elles sont donc vigneronnes-encaveuses (même si le mot encaveuse n'existe pas officiellement) de mère en fille, à Arnex-sur-Orbe. Région que je connais très mal, c'était l'occasion de la découvrir (elles proposent d'ailleurs un coffret dégustation avec leurs six vins pour CHF 60.- ). Des rouges, des blancs, un rosé et même des eaux-de-vie de leurs arbres fruitiers à proximité des vignes. J'ai goûté leur excellent assemblage de Garanoir et Gamaret, Les Pallins, et puis je n'ai pas résisté à goûter leur rosé, à cause de sa sublime étiquette.


Cette étiquette des Bacchantes est un hommage à son défunt mari, depuis 15 ans, elle a donc travaillé ses vignes seule, puis avec sa fille. Ce rosé de gamay est délicieux, fruité, énergique, frais, on en redemande, moi qui n'aime pas le rosé d'habitude, je n'ai pas résisté à en acheter une bouteille ! Maryline propose aussi des balades gourmandes, des soirées de dégustation et elle est présente à de nombreuses manifestations, n'hésitez pas à aller lui rendre visite, vous serez bien reçus !


J'ai ensuite rejoint les gagnantes du concours facebook chez Jean-Paul et Martine Besson-Bourguignon de la Cave des Rossillonnes à Vinzel, dont elles ont beaucoup apprécié le Gewürtzraminer. Moi, je n'avais plus de palais (c'est un métier déguster !) et j'ai donc laissé de côté les vins de Emile & Louis Fonjallaz d'Epesse et les Vins de la Ville de Lausanne que je connais bien et donc j'apprécie particulièrement le Chasselas avec vue du Domaine du Burignon à Saint-Saphorin et le Merlot barrique du château Rochefort à Allaman. Pour la petite histoire, saviez-vous que c'est une femme qui est responsable de ces vins pour la Ville ? Saviez-vous que c'est le plus grand domaine vinicole public en Suisse ? 


Après toutes ces émotions gustatives et cette chaleureuse ambiance, j'ai profité quelques minutes de la fraîcheur de l'Eglise Saint-François où se trouve un des plus hypnotique "jardin" de cette édition de Lausanne Jardin 2014 (je vous en reparle bientôt, mais celui-là je ne veux pas le dévoiler, l'église est ouverte tous les jours jusqu'à 17h30 pour l'admirer), et je suis rentrée chez moi, avec ma récolte du jour...


... le Muscat "Gaby" de la famille Stoki et les fières Baccahantes de Maryline Lavenex, je m'étais promis de ne m'acheter qu'une bouteille, mais un de 50cl ça ne compte pas vraiment, n'est-ce pas ? La bouteille inconnue au milieu ce n'est pas du vin, mais la récolte de mon mari au Pibar, une collaboration entre deux brasseries néerlandaises (De Molen et T'Ij) parmi mes préférées , on se partage les tâches, c'est important pour l'équilibre alimentaire.

Bon, tout ça pour vous dire que c'était génial, que le 26 juillet et le 30 août on remet ça, à chaque fois avec des vignerons différents à découvrir, pour CHF 10.- 
Je vais organiser des concours pour gagner des dégustations, sur twitter en juillet, et sur Instagram en août avec la collaboration de @IgersLausanne, n'hésitez pas à participer !


3 commentaires:

  1. Sidenote sur le sexe des dégustateurs:
    Ce week-end, j'ai participé à un atelier brassage. Hors la bière, ce me semble, a cette image de "trucs de mecs" encore plus marquée que le vin. Pourtant, sur les 8 participants, 3 étaient des femmes (auxquelles s'ajoute l'animatrice/brasseuse!) Pas mal, question équilibre, non?

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    1. Pas mal en effet, ça fait plaisir !

      Sur le sujet j'ajoute que j'ai observé que les vigneronnes ce jour-là se sont beaucoup plus déplacées pour déguster les produits de leurs collègues que les vignerons, c'est peut-être une répartition des tâches qui veut ça, mais voir trois vigneronnes complimenter les vins d'une quatrième en dégustant ensemble a été un de mes moments favoris !

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  2. J'ai beaucoup aimé ce marché des vignerons, j'espère qu'il deviendra régulier, 3 ou 4 fois par année, ça serait sympa !
    Et juste pour compléter, le gamaret de la Ville de Lausanne était une pure merveille...

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