01/11/2016

Good Girls Revolt


En 1970, une majorité des employées féminines du magazine Newsweek ont porté plainte contre le magazine pour traitement inégal, elles estimaient être discriminées face à leurs collègues masculins. Cette histoire très médiatisée à l'époque avait également été racontée en détails dans un livre d'une des protagonistes. Ce livre a été adapté en série : Good Girls Revolt, sortie il y a quelques jours sur Amazon.



Oui, le lien avec Mad Men est évident, la série commence (en 1969) quand Mad Men se termine, c'est presque comme une suite qui assumerait dès le début que l'histoire est du point de vue de Peggy, ce que je maintiens pour la dernière saison de Mad Men d'ailleurs. On retrouve le côté fresque historique, casting choral, personnages torturés (mais moins complexes que dans sa série soeur), et grande attention aux détails de type habillement, décoration intérieur, voitures, etc.

Ce qu'on ne retrouve pas, c'est l'époustouflant traitement esthétique de Mad Men, ni son incroyable ambition. Mais tant mieux, elle paraîtra peut-être moins présomptueuse, intellectuelle et insurmontable à certains qui verront donc ces 10 épisodes de la première saison sans crainte.

Le casting est superbe, en particulier chez les femmes, les hommes ne sont que des seconds rôles, j'espère qu'ils seront mieux développés dans les saisons suivantes (mais vu l'histoire réelle derrière, ce devrait être le cas). Par contre, les personnages, hommes comme femmes, sont plutôt monolithiques dans les premiers épisodes, ça s'améliore dans les deux derniers épisodes et ça promet pour la suite, tenez le coup.

Comme vous l'avez compris, j'ai regardé cette série avec pas mal de plaisir, malgré quelques défauts tout à fait pardonnables, son rythme est agréable et c'est vraiment plaisant à regarder. Ce qui est beaucoup moins plaisant, c'est le fait qu'énormément de faits sexistes (harcèlement physique au travail, impossibilité d'avancement, non reconnaissance des talents, difficultés de trouver des informations fiables sur le côté médecine des femmes, etc.) sont encore tellement présents aujourd'hui, pratiquement à l'identique.


Une des publicistes de la série a dit que c'est comme s'ils avaient engagé Donald Trump pour faire la promotion de leur série tellement ce qui est dénoncé ici est depuis quelques mois sur toutes les chaînes de télévision US... 46 ans plus tard. C'est épuisant, enrageant, presque désespérant. Et puis on se souvient qu'une chaîne a dit oui a une série dont le héros principal est le féminisme, et peut-être que finalement ce genre de divertissement permettront de faire accepter que certains comportements ne sont plus du tout acceptables.

Quoique... une discussion se passe dans la série où l'éditeur en chef demande leur avis à des journalistes, tous hommes, sur la futur couverture sensée parler de la montée de la révolte féministe, ils finissent par choisir entre eux une couverture qui n'a pas grand chose à envier à de récentes idées de publicistes acceptées sans broncher par le Service des Sports de la Ville de Lausanne.

Mais c'est peut-être ça aussi qui rend cette série fascinante, si Mad Men nous faisait nous rendre compte à quel point nos mentalités avaient évolué depuis les whiskies et Lucky Strike de Don Draper, Good Girls Revolt nous donne la terrible sensation inverse : et si rien n'avait changé.

A voir.



PS : J'essaie de faire un peu d'ordre dans ce blog, comme à chaque fin d'année. Saviez-vous que je classe toutes mes critiques de séries sur cette page afin que vous puissiez les retrouvez soit par thèmes soit par titres ?
Si vous cherchez plutôt par rapport aux dernières sorties, il s'agit de cliquer sur le tag séries (qui se trouve aussi dans le nuage de tag dans la colonne de droite) et vous aurez tous mes articles à ce sujet, du plus récent au plus ancien.

PS 2 : Dans ma prochaine chronique radio le 25 novembre, je parlerai de Black Mirror et The Young Pope, si vous les avez vues, n 'hésitez pas à m'en parler dans les commentaires...

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