Pour cause de lectures obligatoires non-loisirs ma PAL (pile à lire) actuelle est dangereusement haute et va finir par me tomber dessus au milieu de la nuit, je le sens. Le problème quand on a une gigantesque PAL c'est par lequel commencer... certains restent définitivement en bas de la pile... et finissent enterrés sous une nouvelle salve sortant de Payot. Certains autres par contre, fraîchement sortis de la librairie ne finissent jamais sur la PAL. CYGNIS était de ceux-là. Parce qu'on m'en avait parlé en bien, d'abord, ensuite parce que la couverture m'était irrésistible. Mais surtout, surtout, parce que je suis une grande dévoreuse de SF et de Fantasy.
La 4e de couv', en cas de doute, aurait fini de me convaincre si ce n'était déjà fait :
"C'est l'histoire de Syn, un trappeur accompagné de son loup au pelage greffé de bandes synthétiques, dans un monde de ruines technologiques. La menace est partout, une guerre se déclare mais Syn ne veut plus tuer ses semblables...
Seule la science-fiction peut nous donner ce vertige d'être des archéologues du futur. Dans une langue raffinée, Vincent Gessler réussit son pari de nous envoûter par son récit âpre et exaltant de l'éternelle recherche des origines."
"C'est l'histoire de Syn, un trappeur accompagné de son loup au pelage greffé de bandes synthétiques, dans un monde de ruines technologiques. La menace est partout, une guerre se déclare mais Syn ne veut plus tuer ses semblables...
Seule la science-fiction peut nous donner ce vertige d'être des archéologues du futur. Dans une langue raffinée, Vincent Gessler réussit son pari de nous envoûter par son récit âpre et exaltant de l'éternelle recherche des origines."
L'histoire est bien menée, le rythme sans failles. Les personnages complexes dévoilés petit à petit réservent des surprises jusqu'au dernier moment. Le monde futuriste s'enrichit au fur et à mesure des différents univers où s'aventure Syn, forêts, villes, trappeurs solitaires, caravanes nomades, citadins, troglodytes, ... un seul regret... j'aurais aimé m'y plonger plus longuement.
La langue est belle, malgré quelques tournures que la volonté d'élégance pourrait rendre pompeuses, mais c'est largement compensé par le plaisir de savourer cette même élégance. La construction cinématographique des premières pages m'a définitivement conquise :
"Les robots portent le costume du temps : des poignées de câbles sectionnés jaillissent par paquets des jointures et pendent le long des coques protectrices, des traînées d'oxydation forment des taches calvites sur les fronts dépolis, des coulures claires ont durci sur les flancs, les membres, les nuques raides.
Aucune articulation ne grippe pourtant, ils se meuvent avec aisance et soulèvent sans peine leurs outils : ils creusent. Chacun, muni d'une pelle aux bords aiguisés, élargit le trou et verse des pelletées de terre à l'écart, où l'amoncellement ne risque pas de dévaler dans la fosse. Ils font ainsi depuis toujours ; ils déterrent l'un d'eux qui grossira leurs rangs.
Le robot le plus éloigné bouge à peine dans la lunette de visée. Toujours commencer par le plus à l'écart : c'est lui qui filera entre les arbres pour appeler du renfort quand retentira la première détonation.
L'image agrandie ne demande aucun ajustement malgré la saccade répétée des mouvements. Les robots savent mieux qu'aucun humain économiser leurs gestes et adopter des postures équilibrées. C'est pratique pour les mettre en joue. Ils n'ont pas ces tics involontaires que prête aux hommes une nature organique imprédictible.
Agrandissement.
La silhouette emplit le réticule électronique jusqu'à mi-taille. Même à ce zoom, l'activité incessante du robot ne le déporte pas hors du cadre défini par les flèches de visées. L'architecture fonctionnelle et sobre de son enveloppe n'a été altérée que par le temps et le soin que lui ou un de ses pairs a mis à le décorer. Des formes pyrogravées semblables aux tatouages des sorcières parcourent les parties planes alors que les extrémités sont agrémentées de boucles, de pendeloques composées de boulons, d'écrous, de visseries, ...
Syn actionne le filtre UV qui dévoile sur la carapace métallique un entrelacs de motifs lumineux : des tatouages ultraviolets. Les autres fréquences du spectre génèrent de nouveaux signes dont le motif d'ensemble est impossible à saisir.
D'un geste du pouce, Syn revient en couleurs réelles et assure sa position en calant l'arme contre sa joue.
Agrandissement.
Le visage se découpe en plein centre, dérivant à peine sous le souffle ténu du tireur. Si près, on pourrait croire que la machine est en méditation ou qu'elle a été désactivée.
Syn cible de la même façon les trois robots, à la base du crâne quand c'est possible. La gueule de l'énorme fusicl oscille suivant les mouvements qu'il imprime, pivotant sur les trépieds enfoncés dans le sol. Il simule la séquence de tirs, revient au premier robot et centre sur l'équivalent d'une épine dorsale. Dans sa tête, un bourdonnement roule en continu, une vibration sourde qui se superpose aux bruits du monde.
Il jette un coup d'oeil par-dessus la lunette du fusil. Les trois silhouettes sombres s'agitent à la lisière du trou, sous les branches basses de gigantesques mélèzes. Les arbres alentour, touffus et denses, protègent le sol de la neige qui s'est accumulée par strates sur les frondaisons.
Ack est allongé sur la gauche, le museau enfoui entre ses pattes, les oreilles tirées en arrière. Le loup lui retourne un bref regard puis revient aux robots.
Il n'y a pas de vent, mais l'air est frais et la terre a l'odeur de l'hiver.
Tout va bien.
Le monde est prêt à être déchiré."
Aucune articulation ne grippe pourtant, ils se meuvent avec aisance et soulèvent sans peine leurs outils : ils creusent. Chacun, muni d'une pelle aux bords aiguisés, élargit le trou et verse des pelletées de terre à l'écart, où l'amoncellement ne risque pas de dévaler dans la fosse. Ils font ainsi depuis toujours ; ils déterrent l'un d'eux qui grossira leurs rangs.
Le robot le plus éloigné bouge à peine dans la lunette de visée. Toujours commencer par le plus à l'écart : c'est lui qui filera entre les arbres pour appeler du renfort quand retentira la première détonation.
L'image agrandie ne demande aucun ajustement malgré la saccade répétée des mouvements. Les robots savent mieux qu'aucun humain économiser leurs gestes et adopter des postures équilibrées. C'est pratique pour les mettre en joue. Ils n'ont pas ces tics involontaires que prête aux hommes une nature organique imprédictible.
Agrandissement.
La silhouette emplit le réticule électronique jusqu'à mi-taille. Même à ce zoom, l'activité incessante du robot ne le déporte pas hors du cadre défini par les flèches de visées. L'architecture fonctionnelle et sobre de son enveloppe n'a été altérée que par le temps et le soin que lui ou un de ses pairs a mis à le décorer. Des formes pyrogravées semblables aux tatouages des sorcières parcourent les parties planes alors que les extrémités sont agrémentées de boucles, de pendeloques composées de boulons, d'écrous, de visseries, ...
Syn actionne le filtre UV qui dévoile sur la carapace métallique un entrelacs de motifs lumineux : des tatouages ultraviolets. Les autres fréquences du spectre génèrent de nouveaux signes dont le motif d'ensemble est impossible à saisir.
D'un geste du pouce, Syn revient en couleurs réelles et assure sa position en calant l'arme contre sa joue.
Agrandissement.
Le visage se découpe en plein centre, dérivant à peine sous le souffle ténu du tireur. Si près, on pourrait croire que la machine est en méditation ou qu'elle a été désactivée.
Syn cible de la même façon les trois robots, à la base du crâne quand c'est possible. La gueule de l'énorme fusicl oscille suivant les mouvements qu'il imprime, pivotant sur les trépieds enfoncés dans le sol. Il simule la séquence de tirs, revient au premier robot et centre sur l'équivalent d'une épine dorsale. Dans sa tête, un bourdonnement roule en continu, une vibration sourde qui se superpose aux bruits du monde.
Il jette un coup d'oeil par-dessus la lunette du fusil. Les trois silhouettes sombres s'agitent à la lisière du trou, sous les branches basses de gigantesques mélèzes. Les arbres alentour, touffus et denses, protègent le sol de la neige qui s'est accumulée par strates sur les frondaisons.
Ack est allongé sur la gauche, le museau enfoui entre ses pattes, les oreilles tirées en arrière. Le loup lui retourne un bref regard puis revient aux robots.
Il n'y a pas de vent, mais l'air est frais et la terre a l'odeur de l'hiver.
Tout va bien.
Le monde est prêt à être déchiré."
Ces deux pages d'ouverture se passent de commentaires... soit comme moi, vous savez déjà que vous le lirez et que vous aurez beaucoup de mal à le reposer avant de l'avoir terminé. Soit ce n'est pas votre truc... au moins, vous êtes prévenus.
Les différentes réflexions menée sur l'humanité et son avenir, sur son lien avec la technologie, avec la nature sont menées tout au long du roman sans en apesentir un instant le rythme du récit.
Petit détail de la tranche parce que j'aime les couvertures "à clés" ...
Bref, vous l'aurez compris, je vous incite vivement à découvrir CYGNIS de Vincent Gessler (Ed. l'Atalante, 2010). Et je termine par un détail sans importance : le héros respecte le rythme des saisons, il aurait pu signer le manifeste ras la fraise et ce clin d'oeil m'a beaucoup amusée. D'ailleurs, pour les romands qui me lisent, je vous préviens tout de suite : non, je ne prêterai pas mon exemplaire, allez acheter le vôtre... c'est du local, c'est du bon :-)
Je l'ai lu il y a quelques semaines, et je ne peux qu'abonder dans ton sens. Et je trouve que cette description future de notre monde est particulièrement réussie, trop réussie peut-être...
RépondreSupprimer"Trop réussie peut-être" effectivement. Certains aspects glaçants du coup. Ce qui m'a plu encore plus ! Merci pour ton commentaire !
RépondreSupprimerMais comment vous faites pour avoir de gigantesques pal, la mienne est toujours vide...
RépondreSupprimerMais celui de bouquin viens d'être noté dans ma to acheter liste ^^
: je suis une acheteuse compulsive de livres et de vernis. Pour le reste j'arrive à me raisonner, pour les livres, jamais. Je peux passer moins de 20 minutes dans une librairie et ressortir avec 6 bouquins dont je n'ai jamais entendu parler... Je connais ma librairie préférée comme ma poche, il ne passe pas deux semaines sans que j'aille rendre visite à "mes rayons" : littérature étrangère poche / SF-Fantasy / polars / poches francophones / littérature en VO (anglais et espagnol) / récits de voyages et parfois je m'égare dans les rayons bd, cuisine, cinéma, photo, design...
RépondreSupprimerCeci t'aide-t-il à comprendre la taille de ma PAL ? ;-)
A mais moi aussi, mais je suis frappée du seau de la lisite compulsive, du temps de mes insomnies je faisais peur aux bibliothéquaires de nice à coup de 6 bouquins tous les 2 jours...
RépondreSupprimerEt quand j'ai plus de livres sous le coude, je tapes dans les ebook (merci stanza)
moi, je veux, moi je veux!!!!
RépondreSupprimert'as oublié le rayon petits-neveux-questionneurs-de-tante...
: pour toi je ferai une exception prêt. Pour les autres : achetez-le !
RépondreSupprimerQue dire sans risquer le spoil ?
RépondreSupprimerDéjà, merci de m'avoir fait découvrir ce livre. J'ai passé un bon moment à le lire, et j'ai hâte de découvrir ce que cet auteur va nous écrire.
J'ai adoré la thématique, mais je ne m'étendrai pas là dessus. J'ai adoré le monde aussi : je me suis souvent demandé à quoi ressembleraient nos ruines et quels souvenirs nous laisserions à nos successeurs. Ce livre satisfait en partie cette curiosité. L'écriture elle-même est très réussie, la structure du roman fonctionne bien.
Le plus gros défaut, à mon avis, est qu'il se lit trop vite, et surtout que la fin est bien trop rapide par rapport au reste. Il y a matière, dans cet univers, avec ce récit, d'en écrire bien plus, de complexifier la trame, et surtout d'approfondir et de plus incarner (quasi-littéralement) ce qu'on apprend à la fin.
J'ai envie d'en dire plus, bien sûr, mais je crains de gâcher le plaisir d'autrui. A découvrir, certainement !
Merci très cher.
RépondreSupprimerArrivé ici par la station nekkonezumi, je furète et tombe sur cette couverture que je ne connaissais pas.
RépondreSupprimerJe prends note et, en guise de remerciement, chez le même éditeur : "Le frère initié" suivi du "Berger des nuages" de Sean Russell. Ce n'est pas très récent, mais c'est excellent (comme on dit à Alexandrie).
Bojprimoarrivantmoï
Merci pour le conseil... et pour la visite.
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