Quelques mots sur les séries que je continue à suivre sans me lasser, voire, pour certaines, avec encore plus d'enthousiasme que les années précédentes. Après les nouveautés, dans le prochain billet je vous parlerai des déceptions et abandons en cours.
Tout a probablement été dit sur cette série. A quel point les détails historiques visuels, moraux ou encore musicaux sont respectés, à quel point les personnages sont creusés, complexes, l'inverse du lisse, à quel point l'histoire peut paraître inexistante pour mieux laisser transpirer les questionnements d'une époque. Mad Men est une série qui restera dans l'histoire. Certains la trouvent trop lente, mais c'est ce rythme qui en fait la beauté, comme la chute au ralenti de Don Draper dans le générique des premières saisons. Nous avons suivi, pendant les 5 dernières années, un homme torturé, qui se cherche, dans les bras de toutes sauf de son épouse, qui divorce, qui se remarie, qui se noie dans l'alcool. Il est resté, malgré l'importance croissante donnée aux autres personnages, au centre de l'univers Mad Men. Mais, saison après saison, les femmes ont pris de l'importance. D'abord la sienne, enfin ex-sienne, Betty, qui fait un retour fulgurant dans cette saison 6, enfin libérée de sa culpabilité de ne plus être suffisamment attirante pour Don, elle en devient affolante. Ensuite la nouvelle, Megan, qui court les castings pour ne pas voir les failles de sa relation. Puis Joan, la sublime et plantureuse Joan, qui se bat pour exister dans ce monde où les femmes sont vaguement tolérées mais toujours considérées comme des biens de consommation, elle décide d'en faire une arme. Et enfin, Peggy, l'ancienne protégée de Don qui a repris sa liberté et qui est le personnage dont l'évolution est la plus intéressante, souvenez-vous de la petite demoiselle perdue venue découvrir le métier de secrétaire dans la saison 1, envolée, elle a fait place au personnage le plus volontaire et moral de toute la série.
Mais cette saison 6 m'a passionnée pour une toute autre raison : le rapport à l'actualité. On est en 1968, on suit l'assassinat de Martin Luther King, puis de Bobby Kennedy, les manifestations violentes qui ont entouré le Congrès Démocrate, et on nous parle de Nixon et de Reagan, de l'insécurité croissante dans Manhattan. Chaque épisode est prétexte à nous rappeler que ces personnages ne sont pas de simples inventions faites pour que nous puissions nous souvenir des glorieuses années 60, on entre dans les vrais soucis de l'époque, dans la politisation des consciences, en partie grâce à la télévision. Pour plusieurs scènes très importantes de la saison, on voit ces personnages que l'on connait si bien subir l'actualité violente en regardant leur poste de télévision. La séquence qui parle des manifestations par exemple nous montre une Joan empathique et inquiète, une Megan effrayée, un Don et une Peggy qui prennent de plein fouet l'impact que ces images devaient avoir de choquantes à l'époque. Grâce au petit écran que tout le monde regarde, la séquence peut mélanger plusieurs lieux sans briser son unité. C'est brillamment réalisé, intelligemment utilisé pour parler de cette révolution loin d'être uniquement médiatique qu'est la télévision.
Je rempilerai pour une saison 7, avec les lenteurs et la noirceur que cette série dégage. Je comprends que certains ait perdu l'intérêt flamboyant des deux premières saisons, je trouve pour ma part que Mad Men est de plus en plus pointu, intelligents, fouillés et courageux.
Mais cette saison 6 m'a passionnée pour une toute autre raison : le rapport à l'actualité. On est en 1968, on suit l'assassinat de Martin Luther King, puis de Bobby Kennedy, les manifestations violentes qui ont entouré le Congrès Démocrate, et on nous parle de Nixon et de Reagan, de l'insécurité croissante dans Manhattan. Chaque épisode est prétexte à nous rappeler que ces personnages ne sont pas de simples inventions faites pour que nous puissions nous souvenir des glorieuses années 60, on entre dans les vrais soucis de l'époque, dans la politisation des consciences, en partie grâce à la télévision. Pour plusieurs scènes très importantes de la saison, on voit ces personnages que l'on connait si bien subir l'actualité violente en regardant leur poste de télévision. La séquence qui parle des manifestations par exemple nous montre une Joan empathique et inquiète, une Megan effrayée, un Don et une Peggy qui prennent de plein fouet l'impact que ces images devaient avoir de choquantes à l'époque. Grâce au petit écran que tout le monde regarde, la séquence peut mélanger plusieurs lieux sans briser son unité. C'est brillamment réalisé, intelligemment utilisé pour parler de cette révolution loin d'être uniquement médiatique qu'est la télévision.
Je rempilerai pour une saison 7, avec les lenteurs et la noirceur que cette série dégage. Je comprends que certains ait perdu l'intérêt flamboyant des deux premières saisons, je trouve pour ma part que Mad Men est de plus en plus pointu, intelligents, fouillés et courageux.
Game of Thrones (saison 3)
Je fais partie de ceux qui, après la première saison, n'ont pu attendre pour connaître la suite de l'histoire et qui ont donc dévoré les livres. Je fais partie de ceux qui aiment la forme de cette saga et de ses nombreux personnages dont aucun n'est le héros. Je fais partie de ceux qui aiment tous ces personnages féminins puissants et courageux et qui ne font pas de théories débiles sur le sexisme du monde moyenâgeux. Je fais partie de ceux qui attendaient avec impatience la noce rouge en se demandant comment la série allait réussir à rendre cette scène complexe. Bref, Game of Thrones est la série la plus vue (et téléchargée) dans le monde en ce moment et c'est mérité, l'ambition artistique et scénaristique est assumée et plutôt réussie. Pourvu que ça dure.
Shameless (saison 3)
Cette famille continue à m'attendrir, à me faire rire et je suis attachée à chacun de ses membres, sauf Carl et Liam, moins fouillés que les autres. Je continue à être épatée par les scénaristes qui réussissent à m'intéresser à leurs frasques. Chaque possible happy end qui se profile est réduit à néant de manière systématique mais originale à chaque fois, on n'attend pas certaines catastrophes et on se demande comment Fiona n'a pas encore fait de dépression ou d'overdose de quelque produit que ce soit qui lui permettrait d'échapper à cette réalité. Et on rit, souvent, par l'énormité de ce qui leur arrive. J'attends de voir ce que les scénaristes vont inventer après la disparition de Steeve/Jimmy et j'espère voir Lip faire des étincelles au MIT. Bref, vivement la saison 4.
House of Lies (saison 2)
Démarrée comme une énième sitcom sur le milieu du travail, House of Lies se montre finalement complexe et sombre. Don Cheadle est fabuleux en meneur de groupe, ses accolytes ne sont pas moins bons et je n'ai aucune envie de les abandonner. Même si cette deuxième saison s'est montrée mon rythmée que la précédente, la noirceur grandissante des personnages m'a plu. Et j'espère que Jeannie von Der Hooven et Marty Kaan finiront par s'avouer vaincus et former le couple exceptionnel qu'ils pourraient être. Les couples gays sont maintenant assez courant dans les séries, les couples mixtes continuent de se faire extrêmement rares, j'espère que cette série osera.
The Killing (saison 3)
La saison 3 débute à peine (les deux premiers épisodes la semaine dernière, le 3e ce soir). C'est toujours lent, gris, pluvieux, intense, brillant, visuellement impeccable. Je rempile sans me poser de question. D'autant que Holder et Linden ont apparemment complètement modifié leur rapport de force. Je reste dubitative sur la capacité des scénaristes à se renouveler, mais j'aime tellement ces personnages que même cafouillants, je ne vais pas rater un épisode.
The Killing (saison 3)
La saison 3 débute à peine (les deux premiers épisodes la semaine dernière, le 3e ce soir). C'est toujours lent, gris, pluvieux, intense, brillant, visuellement impeccable. Je rempile sans me poser de question. D'autant que Holder et Linden ont apparemment complètement modifié leur rapport de force. Je reste dubitative sur la capacité des scénaristes à se renouveler, mais j'aime tellement ces personnages que même cafouillants, je ne vais pas rater un épisode.
Doctor Who (saison 7 ou 33 suivant quel Whovian vous êtes)
Malgré l'annonce de départ de la série de Matt Smith (Doctor XIe du nom) après l'épisode de Noël prochain (le 50e anniversaire de la série, je n'en peux déjà plus d'impatience), je me réjouis de voir la prochaine saison. J'ai d'ailleurs très envie de tester les épisodes de 1963 à 1980 (soit 695 épisodes dont 255 en noir et blanc). Ma dépendance totale à Doctor Who ne fait plus aucun doute. Cette saison 7 n'était pas la meilleure, pas la moins bonne non plus, on creuse de plus en plus l'histoire du Doctor, voyons donc où cela nous mènera.
Malgré l'annonce de départ de la série de Matt Smith (Doctor XIe du nom) après l'épisode de Noël prochain (le 50e anniversaire de la série, je n'en peux déjà plus d'impatience), je me réjouis de voir la prochaine saison. J'ai d'ailleurs très envie de tester les épisodes de 1963 à 1980 (soit 695 épisodes dont 255 en noir et blanc). Ma dépendance totale à Doctor Who ne fait plus aucun doute. Cette saison 7 n'était pas la meilleure, pas la moins bonne non plus, on creuse de plus en plus l'histoire du Doctor, voyons donc où cela nous mènera.
Je fais partie de ceux qui sont un peu lassés par la dernière siason de Man Men de part ses lenteurs; Mais tu as raison, la dimension de cette série ne réside pas que dans son histoire mais plutôt dans son atmosphère. Je vais continuer.
RépondreSupprimerQuant à Game Of Throne, quand tu parles de noce rouge, tu fais référence au dernier épisode diffusé (aux US, l'avant dernier de la saison ? Parce que n'ayant pas lu les livres, je ne m'y attendais pas du tout et le choc a été rude !! Je crois que je vais m'arrêter là.
Merci pour cette revue en tout cas.
Merci à toi pour ton commentaire !
SupprimerPour GoT oui, je parle bien de la scène à laquelle tu penses... en essayant de ne pas spoiler ;-)
Je comprends le choc, que j'ai aussi ressenti à la lecture... et pour la tête de Ned à la saison 1. Mais je crois que c'est aussi ce qui rend cette série intéressante narrativement, ce ne sont pas les héros évidents qui s'en sortent le mieux... ou qui s'en sortent tout court d'ailleurs...
En tant que vieux lecteur ronchon de ASOIAF, il y a des éléments de la série GoT qui me hérissent le poil. Je reconnais que l'adaptation est bonne (ou qu'elle aurait pu être bien pire) mais on perd beaucoup en richesse de situations ou de personnages. Cette saison, je déplore surtout "la Garde de Nuit fait du ski" niveau situation (les Noces Pourpres ça allait mais moins fort que dans le livre), et niveau personnages, y en a trop. Mais je comprends qu'il faut tailler dans le vif pour être compréhensible et aller dans l'évident et pas dans la subtilité. Si ça amène des Funambuline à lire les livres et à les apprécier, tant mieux après tout.
RépondreSupprimerPour Mad Men, je suis moins impressionné qu'avant mais c'est sans doute car je me suis habitué à l'excellence, car cette série est un bijou (si on aime ce genre de séries). Je me demande toujours vers où va Don, et s'il n'y a pas des risques de redites par rapport aux saisons d'avant (ses relations avec les femmes par exemple). Mais je fais confiance aux créateurs de la série car, comme dans The Sopranos, tout est pensé (la chanson de fin de chaque épisode par exemple). Je trouvais que l'Histoire était un peu en retrait par rapport à la mort de Kennedy, les missiles de Cuba mais il y a toujours ce "bruit de fond" de la guerre du Vietnam et des remous que cela amène dans l'opinion : cela se fait de plus en plus insistant.
Je me rappelle quand Don avait entendu "I have a dream" en voiture à la radio, ça l'avait laissé froid. Alors que la mort de ML King le touche (les touche tous) vraiment.
Cette série c'est la classe incarnée et j'espère juste qu'elle s'arrêtera avant de décliner.
Pour la Garde de Nuit, elle va prendre plus d'importance dans les prochaines saisons. La série ne peut pas suivre autant de personnages et on a donc uniquement suivi Jon, et un peu Sam, pour l'instant. Comme tu le dis, il y a énormément de personnages... bien plus dans le livre que dans la série qui a réussit à réduire sans être réductrice.
SupprimerPour les livres, j'avoue que j'aime beaucoup l'univers et la construction des personnages, et la construction narrative par chapitre-personnage. Beaucoup moins le style. J'ai lu en français, puis en anglais, décevant les deux. Contrairement au style visuel de la série qui est assez exceptionnel !
Pour Mad Men, ce que j'ai lu des créateurs de la série va dans le sens d'arrêter la série avant de décliner. On verra s'ils en ont la force malgré les bonnes audiences. Par contre, contrairement à toi, je ne me demande plus où va Don. Je me demande où vont les autres, principalement les femmes. Et pour l'Histoire, tu as vu que le dernier épisode se focalise particulièrement sur la Guerre du Vietnam, mais on ne traite pas la Guerre, on traite le rapport quotidien des personnages à l'actualité, c'est ce que je trouve brillant, c'est ce qui donne une perspective historique intéressante, on en sait beaucoup aujourd'hui sur cette guerre, mais la réflexion quotidienne des contemporains (non-impliqués politiquement) est habilement traitée, je trouve.
Je reformule une partie : "je ne me demande pas où va Don" dans le sens où c'est le cheminement qui m'intéresse mais dans le sens que je crains qu'il y ait répétition dans la série par rapport aux deux premières saisons. D'un point de vue "histoire", Mad Men raconte avec constance et patience le changement dans la vie des femmes (Peggy, Joan, mais aussi Megan par rapport à Betty) et il est clair que les "mecs aux commandes" en saison 1 sont de plus en plus dépassés par une société qui s'éloigne de plus en plus de la fin des années 1950 (saison 6, on est en 1968 !!). Tout cela se fait petit à petit et c'est passionnant à observer.
SupprimerJe n'avais pas encore vu le dernier épisode mais la peur de la guerre pour ses enfants est quelque chose de bien montré en effet.
Au sujet de l'arrêt de la série, j'espère que ce n'est pas un voeu pieux (tous les créateurs disent vouloir arrêter "au bon moment", mais dans les faits, c'est rarement le cas, il faut dire qu'ils n'ont pas toutes les cartes en main et que c'est dur de tuer un produit qui marche). J'ai lu un commentaire ("refnec" donc) disant que pour M Weiner, New York n'est plus trop une ville intéressante (par rapport à la côte ouest) en 1972. Peut-être une piste ? Même 1969 ou 1970, je prends :)
Je t'ai dit déjà combien j'aime quand tu commentes ?
SupprimerEn fait, je me souviens surtout qu'à la Datcha en avril, tu m'avais dit que j'étais toujours critique et jamais d'accord avec toi (mais c'était à propos de ciné). Donc là pour une fois que j'étais totalement d'accord (Mad Men), je me suis dit qu'il fallait fêter ça et l'écrire :)
SupprimerMerci
Héhé (mais j'aime bien quand tu n'es pas d'accord aussi hein...)
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