Gros plan

07/08/2013

My Dinner with André


My Dinner with André (Louis Malle, 1981)

Au cinéma on vous montre les instants prégnants. C'est-à-dire les moments où "il se passe quelque chose" ou les indices à ne pas manquer pour comprendre le déroulement de l'histoire, la psychologie des personnages. Le reste des plans sont des plans d'ambiance pour vous donner des indications sur quel sentiment coller à quelle scène. Je schématise, mais 99% du cinéma c'est ça : les instants prégnants. On passe d'entrer dans une voiture à la voiture roulant sur la jolie route, on ne prend pas le temps de se saluer au téléphone (Boulet en avait fait un excellent post si vous le retrouvez je veux bien le lien), etc. On évite les moments creux, on relie les moments "importants", "utiles", bref, les instants prégnants. Allez hop, un peu de Deleuze.

Dans My Dinner with André, Louis Malle (le réalisateur), Wallace Shawn et André Grégory (les protagonistes et scénaristes) nous montrent avec génie que le cinéma ce n'est PAS une suite d'instants prégnants. 

Wallace (Wally) rejoint André dans un restaurant français assez chic à New York. Ils ne se sont pas vu depuis longtemps, Wally, en voice-over nous introduit son malaise de voir cet ami, une obligation sociale, il sait qu'André va mal et il appréhende. Quand ils se rencontrent au restaurant, ils s'installent et commencent une conversation. Qui dure presque 2h, le temps du diner, le temps du film. Après le repas, on retrouver la voice-over de Wally dans le retour en taxi.


Les types de plans sont, évidemment, très peu nombreux mais restent très intéressants, les personnages sont réduits à l'extrême (un serveur et un sommelier en plus des deux protagonistes), le décor et la lumière ne changent jamais. Aucun artifice, pas une seconde d'ennui, c'est pourtant un film de 3 séquences, dont une qui dure 95% du temps. Louis Malle réussit avec talent à nous inclure dans la conversation. Les comédiens sont extraordinaires, autant quand ils racontent que quand ils écoutent. La conversation est brillante, c'est celle de deux intellectuels, personnes de théâtre qui parlent de leurs expériences de vie et de la vie en général, en passant d'un sujet à l'autre. Une conversation qui a l'air improvisée, avec ses silences, ses cheminements de pensées troubles en spirale, ses hésitations et doutes. Elle est pourtant très écrite et absolument passionnante.


J'encourage vivement les cinéphiles à voir ce film différent de tout ce que j'ai pu voir d'autre. Ce film est une leçon de cinéma.

Etonnement c'est une sitcom qui m'y a encouragée : Community. De très nombreux épisodes sont fait "à la manière de" et l'épisode "Critical Film Studies" (saison 2 épisode 19) est une merveille. 


Bonus : la bande-annonce de My Dinner with André et un extrait de l'épisode de Community.
Test Bechdel : raté, évidemment.
Edit : le film est disponible dans son intégralité en VOSTFR sur youtube.






2 commentaires:

  1. Pas (encore) vu ce film, mais pour l'anecdote, l'épisode de Community qui y fait référence est réalisé par Richard Ayoade, acteur dans la série The IT Crowd (où il joue Moss). ^^

    (Sinon, note que tes captures d'écrans ont un problème de proportion (étirées en largeur).)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci beaucoup, je n'avais pas remarqué, je dois être aveugle, hum, j'ai rectifié.

      Je te conseille, encore une fois, ce film, à avoir vu une fois dans sa vie.

      Supprimer