Dans mon article précédent, je vous parlais des
sorties séries de l'été 2014, mais malgré leur plus grand nombre que les années précédentes, pour certains spectateurs parmi mes lecteurs, ce n'est pas encore assez. C'est aussi que les type de consommation de séries changent, avant on regardait ce que les chaînes de télé nous proposaient, au rythme qu'elles définissaient. Aujourd'hui on regarde ce qu'on veut, partout dans le monde, au rythme que l'on désire, vu que les séries restent disponibles après leur diffusion et que certains canaux du type
Netflix diffusent des saisons entières d'un coup. La pratique du
binge watching est née. (L'expression est adaptée de "
binge drinking" = boire beaucoup et très vite, là c'est pareil, mais avec les yeux et sans risque, à part le manque de sommeil.)
(Ecrit la fille qui a dormi 4h cette nuit parce que la saison 4 de The Killing est impossible à arrêter.)
Certaines séries de type feuilleton se prêtent au binge watching alors que d'autres pas du tout. C'est une question de rythme de narration. Quand c'étaient les chaînes TV qui décidaient de la diffusion et que toutes les séries étaient diffusées au rythme d'un épisode par semaine, chaque épisode avait une construction interne, dans chaque épisode il était nécessaire d'avoir un récapitulatif des points importants, soit avant soit pendant l'épisode, pour que tout le monde puisse suivre. Ces séries très fortement découpées où les épisodes sont presque indépendants et où l'histoire globale n'a que peu d'intérêt (pensez à
CSI -Les Experts- ou à
Columbo par exemple), ne se prêtent pas au binge watching.
Mais aujourd'hui les meilleures séries sont construites comme un tout cohérent, une longue narration de plusieurs heures, où le découpage entre les épisodes a moindre importance. Le but est de garder un rythme agréable tout au long de la saison. Il y a de plus en plus de séries à saisons courtes et puissantes, tournées comme des (très) longs métrages. Et c'est un bonheur total à binge watcher (verbe du premier groupe).
Un exemple récent :
The Killing. Série US inspirée d'une série danoise, la première saison de
The Killing a été diffusée en 2011 par
AMC. La série se passe à Seattle, on suit deux policiers atypiques qui enquêtent sur le meurtre d'une adolescente. L'ambiance est sombre, grise, pluvieuse, intense... sublime. Gros succès,
AMC relance donc la série pour deux saisons supplémentaires, toujours diffusées de manière sérielle, mais écrites comme un bloc. Malheureusement le succès baisse. La saison 3 termine de manière abrupte et trop rapide, on reste sur notre faim, mais
AMC a effacé la série de sa grille.
Netflix rentre dans le jeu et reprend la production pour une ultime saison de 6 épisodes, mis en ligne le 2 août 2014, qui permettent de clore cette saga avec l'élégance qu'elle méritait. Cette saison est beaucoup plus pêchue rythmiquement, encore plus torturée. Les images et la bande son sont toujours aussi belles, et les deux acteurs principaux rivalisent d'intensité pour ce film d'un peu plus de 5h à dévorer d'un coup pour saisir toute sa puissance.
Il y a plusieurs types de binge watching : le rattrapage d'une série entière que l'on avait ratée, le revisionnage d'une série entière que l'on avait aimée, le visionnage d'une saison entière qui vient de sortir (type Netflix), le rattrapage d'une saison ratée et les mini-séries. Ce que je vous propose ici, indépendamment des types de séries (origine, durée, date de diffusion), c'est une séparation thématique afin que vous trouviez de quoi plonger dans une ambiance/un sujet qui vous plait pendant une ou plusieurs saisons.