Les temporalités "foodies" sont propres à chaque région. Dans la nôtre, vous pouvez reconnaître les personnes qui sont foodies de manière aiguë par plusieurs signes : elles détestent ce mot, elles font du kimchi maison (ou ont le projet de se lancer), ont des grains de kefir à la maison (ou ont le projet de tester), ont un stand de légumes favoris au marché (qui vend de la mizuna), et leurs proches leur demande "où aller manger en ce moment" au moins 2 fois par mois.
Pour les personnesnon-obsessives normales, la cuisine coréenne débarque à peine dans les radars, le kimchi n'accompagne pas encore toutes les raclettes (essayez !) et on s'intéresse aux poke bowls. (Pourtant so 2016.) (Oui, je fais partie de la catégorie ci-dessus, même si je déteste ce mot.) (Comment ça cqfd ?)
Pour les personnes
Mais quel est le prochain trend culinaire lausannois ? Celui qui s'installe actuellement et dont tout le monde va parler et va vouloir tester ces prochains mois, ces prochaines années ?
Les cuisines d'Amérique Latine.
Les cuisines d'Amérique Latine.
Pour les foodies ce n'est pas nouveau que le Mexique a beaucoup plus à offrir que les tacos kits Old El Paso (qui sont d'ailleurs tex-mex, donc américains et non mexicains), que le meilleur plat de haricots secs du monde est probablement la feijoada (n'en déplaise au cassoulet) (je vais me faire lyncher pour celle-ci) et que la guerre entre le Chili et l'Argentine pour la parentalité des empanadas est aussi féroce que les Falklands s'appellent Malouines.
Les foodies pointus prêchent à qui veut l'entendre que le leche de tigre est la meilleure recette anti-gueule de bois du monde (fact), se demandent si c'est mieux d'utiliser des oranges douces ou amères pour les carnitas qui vont garnir leur sandwich au pulled pork (ou un mix des deux ?), ne peuvent pas vivre sans pico de gallo, ont testé une recette de pao de queijo avec du Gruyère AOP, et rêvent d'un tour du Pérou (pendant le festival Mistura) et/ou du Mexique (même si le NOMA n'y est plus) pour découvrir les cuisines de chaque province.
Les foodies pointus prêchent à qui veut l'entendre que le leche de tigre est la meilleure recette anti-gueule de bois du monde (fact), se demandent si c'est mieux d'utiliser des oranges douces ou amères pour les carnitas qui vont garnir leur sandwich au pulled pork (ou un mix des deux ?), ne peuvent pas vivre sans pico de gallo, ont testé une recette de pao de queijo avec du Gruyère AOP, et rêvent d'un tour du Pérou (pendant le festival Mistura) et/ou du Mexique (même si le NOMA n'y est plus) pour découvrir les cuisines de chaque province.
Et si vous n'avez pas compris au moins une des références du paragraphe ci-dessus, ne vous énervez pas contre moi, dans quelques mois, le palais conquis par vos nouvelles découvertes culinaires dans de chouettes tables lausannoises, vous parlerez couramment le latino-américain culinaire.
Commençons par dire que c'est un très grand continent, du Mexique à la pointe Sud de l'Argentine, ce sont plus de 10'000 kilomètres ; l'Atlantique à l'Est, le Pacifique à l'Ouest, la mer des Caraïbes au Nord et les Quarantièmes Hurlants au Sud ; les Andes, l'Amazonie, le desert d'Atacama le plus sec au monde ; la diversité géographique est gigantesque. C'est aussi le continent qui est à l'origine de nombreux aliments dont personne sur la planète ne pourrait se passer aujourd'hui : les tomates, les patates, le maïs, le café, le cacao, le piment, la vanille (et je passe sur les ananas, cucurbitacés, cacahuètes, haricots, etc.). Ce sont 34 pays ou territoires, et encore plus de cultures. Ce sont des civilisations très anciennes qui continuent à fasciner, puis plusieurs vagues d'invasions, par plusieurs pays européens, puis des arrivées massives d'esclaves africains, et des vagues d'immigrations plus récentes de plusieurs pays d'Asie et d'Europe. Je pourrais en rajouter des tonnes, mais j'espère que vous avez compris qu'on ne peut pas parler d'une cuisine latino-américaine, mais que les cultures culinaires y sont nombreuses et très diversifiées. Et, à mon plus grand plaisir, certaines deviennent de plus en plus à la mode. Plusieurs restaurants ou échoppes ont ouvert leurs portes à Lausanne ces derniers mois, je me suis dit que c'était l'occasion d'un petit tour d'horizon.
Avant de vous lister les adresses lausannoise, vu que mon intro est déjà beaucoup trop longue, j'en ai un peu plus, je vous le mets quand même. À mon avis, la meilleure table péruvienne de la région, est à Genève : au Pachacamac. La cheffe Cecilia Zapata a un talent fou. De la cuisine Nikkei (fusion entre cuisines japonaise et péruvienne) à la Novoandina (nouvelle cuisine andine qui réapprend des classiques indigènes), elle a appris des meilleur·e·s et sa technicité est au service des saveurs. Pour moi, une des meilleures tables romandes.
Avant de vous lister les adresses lausannoise, vu que mon intro est déjà beaucoup trop longue, j'en ai un peu plus, je vous le mets quand même. À mon avis, la meilleure table péruvienne de la région, est à Genève : au Pachacamac. La cheffe Cecilia Zapata a un talent fou. De la cuisine Nikkei (fusion entre cuisines japonaise et péruvienne) à la Novoandina (nouvelle cuisine andine qui réapprend des classiques indigènes), elle a appris des meilleur·e·s et sa technicité est au service des saveurs. Pour moi, une des meilleures tables romandes.
Rue de Voltaire 11, Genève.
Argentine
El Churrasco : Boeuf grillé au feu de bois. Pas le plus original, pas le plus typique, pas le plus dépaysant, mais historique, c'est un des premiers resto "latino" de la ville.
Rue de Bourg 51, Lausanne.
Rue de Bourg 51, Lausanne.
El Gaucho : Empanadas typiquement argentines, c'est une petite boutique à Grancy et un food truck que l'ont retrouve dans quelques manifestations, parfois ils font aussi du choripan (un sandwich à base de chorizo grillé, dans du pain badigeonné de chimichurri, c'est fameux).
Boulevard de Grancy 44, Lausanne.
Brésil
Churrascaria Tucano : Je n'ai pas testé cette adresse qui se dit véritable churrascaria brésilienne, c'est-à-dire plusieurs sortes de viandes grillées au charbon, puis amenées et découpées à table à la demande. Guerilla Gourmande (RIP, snif) m'a glissé dans l'oreillette : c'est formule à gogo picahna & co, assez bourrin dans le genre. À tester !
Rue Saint-Martin 9, au 5e étage, Lausanne.
Chili
Emparaiso : C'est une toute petite boutique qui a ouvert fin 2019, qui propose empanadas chiliennes typiques et à s'en lécher les doigts et des completos (hot dog à la chilienne avec plein de garnitures). Parmi les meilleurs empanadas chiliennes de la ville. Ils font aussi traiteur et leurs empanadas sont disponibles dans d'autres adresses de la ville (à suivre sur leur compte insta).
Rue de la Borde 15, Lausanne
Creation del Tata : Si vous faites les marché, vous avez déjà vu ces empanadas géantes et dégoulinantes de jus addictif. Ils ont aussi une boutique, où ils servent une jolie variété de sandwichs et petits plats chiliens. Et si on commande en espagnol, on gagne toujours un compliment.
Rue de la Borde 9, Lausanne.
Équateur
La Caleta : Cantine équatorienne aux plats savoureux et prix riquiquis. On se croirait presque là-bas, avec les tables recouvertes de toiles cirées multicolores, l'ambiance sonore trop puissante et la bière servie presque gelée. La carte est courte, les plats sont simples. Que demander de plus ?
Rue de l'Ale 15, Lausanne
Rue de l'Ale 15, Lausanne
Mexique
Mexicana : Plus snack que restaurant, le Mexicana peut se targuer d'avoir servi les premiers véritables tacos mexicains avec des tortillas fraiches à Lausanne. Et c'est ça qui fait leur charme. Situé dans l'entrée du restaurant Le Central, beaucoup de Lausannois·es ne les ont pas encore repérés. Pour ma part, je suis ravie qu'ils aient un peu étendu leurs horaires d'ouverture pour les mini creux de fin d'après-midi : un taco et ça repart. (Carte courte, tout est bon, même si je m'en fiche des nachos, voir le PS.)
Rue Centrale 5, 1003 Lausanne.
Lucha Libre : Ouvert fin 2019, Lucha Libre ne désemplit pas. Un décor très attrayant et convivial, une carte sympathique pas uniquement mexicaine et pas au pic de l'authenticité. Le service est très chaleureux, même si parfois un peu débordé, parce que ça ne désemplit pas, laissons leur le temps de prendre leurs marques. Festif et coloré.
Place de l'Ours 1.
Perroquet Bar y Cocina : Soirées tacos du lundi avec Boris, l'ancien chef du Café des Artisans, qui vous sert son plat préféré tous les lundis soir dans ce charmant bar à cocktails (oui, le Pisco Sour est bon). Le reste de la semaine, il y a parfois des empanadas de Emparaiso à disposition pour les petits creux. Pour les autres plats, ce n'est pas toujours latino dans l'assiette, mais tout ce que cuisine Pablo est super aussi.
Ruelle du Flon 4, Lausanne.
Ruelle du Flon 4, Lausanne.
Pérou
El Batan : C'est le nouveau venu ! Restaurant du Café Théâtre des Faux Nez, ils annoncent leur ouverture le 1er mars. Le menu n'est pas encore disponible, mais ils parlent de fusion et il y a des bao en photo, je suppose donc que ça tendra plus sur la cuisine Nikkei que sur le cuy grillé (je vous laisse faire vos recherches). Je me réjouis de découvrir.
Avenue de Morges 119, Lausanne.
Tayta : Empanadas de type péruviennes au départ, mais depuis, ils s'amusent. Selon les saisons, les envies, les produits locaux et les événements particulier. Tayta c'était un petit stand, puis un truck, maintenant une boutique. Tayta c'est un couple passionné et gourmands, qui font de leurs petits cercles dorés des merveilles d'imagination et de goût.
Avenue du Tribunal Fédéral 2, Lausanne.
Besame Mucho : Au bord du lac, c'est l'adresse tendance Nikkei qui a fait parler durant l'été 2019. Une belle carte de ceviches, des plats chauds originaux, une carte des desserts sympathique (ce qui est assez rare), des prix un peu trop élevés à mon goût, en particulier pour les boissons. A s'offrir pour une jolie occasion.
Avenue Émile-Jacques-Delacroze 9, Vidy, Lausanne.
Le Restaurant du Léman (Lutry) : Célèbre loin à la ronde pour sa fondue Bacchus, le Restaurant du Léman a néanmoins une carte de spécialités qui vaut le détour. Si le décor n'est pas dépaysant pour un sous, il y a tout ce qu'il faut pour voyager dans l'assiette, et le contraste avec l'accueil et le décor bien vaudois m'amusent beaucoup.
Grand-Rue 19, Lutry.
Luz : Cantine à tables en toiles cirées, néons et télévision trop forte, on est au Pérou, on est chez Raquel. Le ceviche déchire sévèrement, la bière est fraiche. En accompagnement des viandes, on sert des frites avec du riz. Et on est servi plus vite si on commande en español. Et les prix sont tout petits. Tout pour plaire.
Rue de la Tour 6, Lausanne.
Chez Loïc : Petits restaurant du quartier de Valency au départ, il s'est maintenant déplacé dans deux adresses et a ré-affirmé l'identité péruvienne de sa carte. Pas le plus fin du lot, mais cuisine et ambiance familiale, à prix très raisonnables.
Avenue d'Échallens 70 et Avenue de Cour 63, Lausanne.
L'Or des Incas : Petit restaurant qui sert apparemment plusieurs spécialités dont des empanadas, à tester.
Avenue Alexandre-Vinet 24, Lausanne.
Avenue Alexandre-Vinet 24, Lausanne.
Ingrédients
Et pour cuisiner chez soi ? La plupart des ingrédients sont faciles à trouver un peu partout, vu que les Conquistadores ont pillé le continent... mais il reste quelques ingrédients pas si faciles à dénicher.
Aux Spécialités de la Palud : produits d'épiceries (épices, conserves, masa harina, etc.), ainsi que quelques produits frais (chorizos de plusieurs pays par exemple). C'est tout petit, si vous ne trouvez pas quelque chose, demandez-leur, elles sont surprenantes.
Aux Spécialités de la Palud : produits d'épiceries (épices, conserves, masa harina, etc.), ainsi que quelques produits frais (chorizos de plusieurs pays par exemple). C'est tout petit, si vous ne trouvez pas quelque chose, demandez-leur, elles sont surprenantes.
Place de la Palud 9, Lausanne.
Masamor : tortillas de maïs fraiches, faites en Suisse, qu'on peut commander sur Farmy.ch et leur slogan est irrésistible : ¡Màs amor, màs sabor! (Plus d'amour, plus de goût !)
El maiz : Si vous êtes de passage à Zürich, c'est le passage obligé, peut-être le seul endroit en Suisse où on peut trouver du queso oxaqueño (comment ça on s'en fiche, pas du tout), mais surtout plein de piments et d'autres produits mexicains (y compris pour faire des tamales, ou parfois même du nopal frais).
Ce billet a pour but d'être exhaustif, sur les tables latinoaméricaines, à Lausanne, fin février 2020. Il sera probablement dépassé rapidement, car les cuisines de ce continent sont encore méconnues ici et j'aimerais tant voir pousser des pupuserias (spécialité de El Savador), des areperias (spécialité du Vénézuéla et de Colombie), une vraie table Brésilienne, etc. Si vous voyez passer de nouvelles adresses dans la région (ou si j'en ai oubliée), laissez-moi un commentaire, merci et
¡buen provecho!
····················
PS : Comme vous l'avez peut-être remarqué, je ne cite pas les tables tex-mex et encore moins les "tacos français". Parce que bon, hein. Tempora mori, tempora mundis recorda. Voilà. Ça ne veut absolument rien dire, mais l'effet reste le même.
Hola Funambuline. Merci pour penser à la cuisine "latina" et à El Gaucho. Empanadas, maté, alfajores. Avec notre food truck nous sommes aussi présents au marché de la Riponne les mercredis et samedis.
RépondreSupprimerNos vemos! Veronica - El Gaucho
Merci pour l'info ! Au plaisir :-)
SupprimerJ'ajouterai, si on est d'accord de traverser le lac (35 minutes de bateau, agréable et pas très long), l'excellente Puerta del Sol à Evian, qui fait du classique équatorien/péruvien/colombien, et un pisco sour délicieux.
RépondreSupprimerLucha Libre, testé, pas approuvé - c'est bon sans plus, service gentil mais incompétent, très bruxant, en à peine plus d'une heure à 4 on avait fini (en ayant pris des apéros, qui ont été servis en même temps que l'entrée alors qu'on avait commandé du vin...)
SupprimerHello,
Il y a de nombreuses tables latinos ailleurs en Suisse, merci pour l'adresse française.
Pour Lucha Libre, j'ai une règle en tant que blogueuse : je laisse toujours aux nouveaux lieux le temps de prendre leurs marques avant de critiquer, donc j'attends encore un peu et j'espère qu'ils seront au top cet été ☺️
Merci bcp pour ce post ! :) El gaucho est vraiment bien
RépondreSupprimerJe suis également allée à la Lucha Libre et je ne le recommande pas. La cuisine est sans plus, surtout le ceviche. Il faudrait d’ailleurs qu’ils spécifient que c’est du ceviche mexicain.
RépondreSupprimerMerci por ce post. Il est très complet et plein de références de l’Amérique Latine. En tant que péruvienne, je ne recommencerai pas Chez Loïc. Les deux fois que je suis allée j’ai trouvé leur cuisine un peu trop forte. En effet, je me demande s’ils mettent de l’ajinomoto comme condiment. Ça donne beaucoup de goût mais c’est très mauvais pour la santé. Et on le sent tout de suite après avoir mangé : le signe c’est la soif! Si on a une envie exagérée de boire de l’eau, c’est presque sûr que c’est à cause de l’ajinomoto. Au Pérou de petits restaurateurs l’utilisent beaucoup, c’est assez courant et très controversé! De plus en plus, les gens répriment son utilisation. Même si ma perception est fausse, la cuisine n’est pas si bonne que ça.
RépondreSupprimer