Marathon cinéma : 7 films

Au moins une fois par mois, j'ai besoin d'une journée cocon-sans humains-sous la couette-avec un marathon de films. Ma watchlist imdb d'aujourd'hui, post marathon, est longue de 482 films, donc j'ai toujours de quoi faire. Mais lors de mes deux précédents marathon, ce n'était que des films récents, je me suis dit que ça vous intéresserait. 

Je vous parle ici de : Triangle of Sadness, MEGAN, The Menu, You People, Wakanda Forever, Alice Darling et Babylon.

Triangle of Sadness 7/10

Quel étrange film. Trois parties très distinctes. La première m'a ennuyée, la deuxième m'a laissée indifférente, la troisième partie, heureusement la plus longue, m'a enthousiasmée. Difficile de ne pas spoiler mais je vais essayer. Les rapports de pouvoir changent du tout au tout et les personnages qui semblaient secondaires deviennent les vrais protagonistes. Je suis sortie de ce film un peu abasourdie et ravie de m'être laissée piégée et endormir par le début car rien ne me préparait à la suite. Et c'est si agréable et rare d'être vraiment surprise au cinéma.

Si tout le film ressemblait à la 3e partie, j'aurais mis 8/10 (ce qui est une excellente note pour moi. Un jour je vous ferai peut-être la courte liste de mes 10/10.)

MEGAN 6/10

Une ingénieure en robotique conçoit un nouveau jouet, MEGAN et le teste sur sa nièce. Il y a beaucoup de références dans ce film, on pense à Asimov bien sûr, et à ses trois règles qui devraient être mieux suivies et encadrées. La partie robot-ingéniérie-IA est vraiment chouette, ainsi que la partie très critique sur l'entreprise prête à tout pour faire de l'argent.

Mais ce film est aussi un discours sur la maternité, la maternité subie, les jugements entre mères, les injonctions à la perfection. Ma position de #childfree me fait regarder tout ça de loin et m'intéresse assez peu, mais je suis persuadée que ce film parlera à beaucoup de parents.

Visuellement c'est très bien éclairé et les robots sont vraiment fun, l'actrice enfant est impressionnante. Un vrai bon moment. Sans plus.

The Menu 4/10

Ce film, que tout le monde me disait de voir absolument, m'a fait osciller entre l'ennui et l'énervement. L'ennui car tout est tellement prévisible. Ils ont fait leurs devoirs et les cuisines citées sont celles qu'il fallait citer pour une critique à cette industrie de la gastronomie de luxe. On repère les Bulli-NOMA-Fäviken-Arpège dans chaque assiette. La cheffe Dominique Crenn (qui remporte à elle toute seule les 4 points sur 10 que je mets à ce film), qui a créé le menu du film et entrainé les acteurs aux bons gestes, a fait un excellent travail d'interprétation pleine de sens et farcie de critiques aux dérives ridicules du métier. Et le casting est super.

Mais ce sont les seuls compliments que je peux faire à ce film. Le scénario est naze. Rien ne m'a surpris car tout est amené avec des cordes de diamètre cargo. Et le twist principal (le cheeseburger) est à mourir d'ennui. Je me réjouissais vraiment de voir ce film. Un film qui mélange la cuisine et l'horreur c'est fait pour moi. Mais pataplouf. Next.

You People 6/10

Amusante comédie sur un couple mixte, elle est afroaméricaine et musulmane, il est juif. Ils veulent se marier. Ils vont rencontrer les parents. Bien plus intelligent que "Meet the parents", c'est l'occasion ici de dérouler tous les clichés possible et imaginables, en essayant de les démonter... mais tout en restant dans le cliché. La mère juive (Julia Louis-Dreyfuss) est too much. Le père (Eddie Murphy) est un angry black men. Les deux couples de parents sont clichés. Les deux amoureux sont censés être le ciment qui réconciliera le tout. La partie vraiment amusante est comment des personnes qui se croient "liberals" (dans le sens "de gauche" US) sont capables de tant de racisme sans s'en rendre compte et en étant persuadés du contraire.

Mais au final ça reste très cliché, mais probablement du cliché vécu, vu les deux co-scénaristes. J'ai souvent ri. Et si je ne suis pas une grande fan de Jonah Hill, il remonte dans mon estime.

Wakanda Forever 7/10

J'avais adoré Black Panther. J'avais la trouille pour celui-ci. Attention, mini spoilers.

J'ai aimé : qu'ils osent mener le film avec quatre femmes ; la nation précolombienne sous-marine ; la subtilité de la résolution du conflit et la non-subtilité de l'ONU ; la critique aux politiques étrangères US et française ; l'utilisation de l'eau comme d'une arme ; le discours sur le deuil ; la prod design de Wakanda et de la nouvelle nation qu'on découvre, où les cultures citées sont non seulement respectées, mais visiblement admirées et mises en valeur ; la personnalité de l'IA Griot (mais c'est peut-être parce que Trevor Noah me manque).

Je n'ai pas aimé : j'ai trouvé long, mais précipité, comme s'ils avaient voulu trop mettre, comme si c'était deux films en un, le premier sur le deuil et la succession de Black Panther, le deuxième sur la découverte de cette autre nation qui a évolué avec le vibranium ; la surprise finale façon deus ex machina ; que le film passe trop de temps aux USA.

Au final, j'ai apprécié et je reconnais ses valeurs. Mais je ne suis pas enthousiaste. Je comprends les raisons des défauts, et les choix qui ont été faits, mais vu la liberté qu'ils ont acquis, je reste un peu déçue de cette copie de bon élève qui manque d'un grain de folie.

Alice, Darling 7/10

De la manipulation psychologique. Des relations toxiques. De l'amitié. De la peur. Anna Kendrick est parfaite. Ce qui rend la chose difficile car on n'a pas envie de plonger dans ce psyché et le film nous y amène sans résistance possible. Si vous avez vécu une telle situation, faites attention à vous et peut-être abstenez-vous de voir ce film. Pour connaitre plusieurs amies qui ont eu de telles relations, j'ai reconnu des attitudes, des gestes, des mécanismes. Dur.

C'est tellement important d'en parler, et voir les états éteints puis revenant à qui elle est de Anna Kendrick est impressionnant. Puissant.

J'ai vu un interview d'elle où elle explique où elle a puisé pour donner cette performance, et comment elle a construit son personnage, en essayant par exemple de ne pas le rendre sympathique de prime abord (ce qui est difficile quand on est Anna Kendrick ❤️). C'est vraiment une performance impressionnante. Si vous hésitez, sachez juste que ça finit bien, ouf.

Babylon 6/10

Ce film devrait avoir au moins 9/10 s'il était ce qu'on aimerait qu'il soit : une ode au cinéma. Mais il s'embourbe 3h30 dans des ornières boueuses ad nauseam. Damien Chazelle fait ici son remake de Singin in the Rain. Littéralement. Puis il prend encore 20 minutes pour nous EXPLIQUER ce qu'il a fait à la fin. C'est bon gars, merci, on l'avait, tu as même mis la chanson. 

Le bel acteur premier de la classe qui doit passer au cinéma parlant. La jeune première qui se brûle les ailes en devenant une star. Des destins croisés dans cette période clé de l'histoire du cinéma hollywoodiens. Je déteste TELLEMENT ces trois dernières phrases que je viens d'écrire. Franchement il nous refait un La La Land mais à une autre période. Avec des tonnes de femmes à poil et de gens qui baisent dans une INTERMINABLE scène d'ouverture qui n'amène RIEN au film et qui dure 40 f**** minutes. Avant qu'on commence vraiment le film.

Il y a deux séquences qui valent le détour. Deux, en 3h30. La première c'est la scène épique du tournage du muet, où par un montage alterné absurde on voit aussi bien une épique bataille que les débuts de la jeune première. Très fun. La deuxième est le tournage d'une scène de parlant, où les micros balbutiants de l'époque posent de gigantesques difficultés pour tourner. Mais désolée Chazelle, c'est tout ce qui reste de ton film. Et si cette scène de tournage remplacera peut-être celle de Singin in the Rain dans les cours de cinéma, on reste sur la même totale erreur technique : les micro entendaient TOUT, donc l'actrice qui doit rester sur sa marque, c'est tout aussi stupide et faux que Lina Lamont qui ne peut pas tourner la tête. J'ai quand même mis 6 car techniquement parfait et très beau. Mais le scénario est excessivement énervant, redondant, cliché, inutile. À moins d'être un cinéphile acharné : ne voyez pas ce film. 

Dites-moi en commentaire si ça vous intéresse que je vous fasse un jour ma liste de 10/10 sur imdb, il y a des classiques, beaucoup de Chaplin, mais aussi des récents, quelques documentaires, et quelques séries. Je note tout ce que je vois, ça me permet de garder une trace et de me souvenir pour ne pas revoir certains navets que mon cerveau a purgé, mais auxquels j'avais mis 2/10 pour être sûre de ne pas me les infliger une deuxième fois : très utile.

Et dites-moi aussi ce que vous avez pensé de ces films-là si vous les avez vu, j'adore quand des gens ne sont pas d'accord du tout...