Gros plan

15/01/2016

Les meilleures séries de 2015



Il y a beaucoup trop de séries pour être exhaustif, ça n'aurait plus aucun intérêt. En quelques années on est passé des stars de cinéma qui refusaient de "faire de la télé" à "pour réussir dans la vie il faut avoir fait une série", et c'est le bordel. Jusqu'en 2014, j'étais capable de voir tous les pilotes des nouvelles séries US (ou presque, j'en éliminais certaines rien qu'au synopsis, je ne suis pas masochiste). Depuis 2015 c'est impossible, il y a eu, rien qu'aux Etats-Unis, 350 nouvelles séries diffusées, sans compter les anciennes qui en sont à leurs saisons suivantes, et sans compter non plus que la production du reste du monde suit évidemment la même tendance, entre les séries anglaises, nordiques, françaises, espagnoles, latinos, australiennes, néozélandaises, japonaises, coréennes... bref, du monde entier, la quantité de nouveau matériel produit et diffusé demande de faire des choix de plus en plus pointus et restreints.

Malheureusement, cette profusion gigantesque ne veut absolument pas dire que la qualité est bien meilleure, certes, il y a des choses fabuleuses, mais la majorité n'a aucun intérêt. Trier le génial, du bon, du moins bon, du carrément nul qui tire des grosses ficelles me fatigue et fait des articles tellement longs que je n'ai pas le courage de m'y atteler.

Par contre, il me semble toujours passionnant de suivre ce qui se fait de mieux. La liberté offerte par la disparition des formats obligatoires dictés par les chaînes hertzienne depuis l'apparition d'autres diffuseurs a amené un nouveau souffle de créativité. Aujourd'hui le spectateur choisi ce qu'il regarde, quand il le regarde et à quel rythme il le regarde. Merci Netflix, Amazon et compagnie !

Je tente donc ici une rétrospective sur le meilleur du meilleur des séries de 2015, en espérant vous faire gagner du temps dans le choix cornélien qui s'offre à vous. Que ce soit des premières saisons ou des suites qui assurent encore mieux que le début (ce qui a été souvent le cas l'année dernière), sans genre particulier, de manière totalement subjective, et en refusant de m'arrêter au chiffre 10 parce qu'on a dit qu'en 2016 c'était fini les "10-meilleures-réactions-à-cette-vidéo-de-chaton-mignon-qui-joue-avec-un-panda-vous-n'en-croirez-pas-vos-yeux-et-serez-ému-aux-larmes-mais-je-ne-cite-pas-mes-sources".




Transparent (saison 2)

J'en parlais déjà à la première saison avec une énorme enthousiasme, la créatrice de Transparent a réussi à continuer sur la même lancée. C'est une claque, un plaisir, une douceur, un choc, ça fait rire, c'est émouvant et c'est bourré de talent à tous les niveaux, devant et derrière la caméra. S'il ne devait y en avoir qu'une dans mon best of, ce serait celle-ci.





The Leftovers (saison 2)

Tu te souviens de cette incroyable première saison où tu étais baladé d'émotions en incompréhensions, et que même si tu n'avais pas tout saisi tu avais adoré ? Et bien la saison 2 va plus loin, plus fort, plus dur, plus torturé. Elle fait peur, rire, pleurer, elle intrigue, dérange, séduit. Elle déconstruit les rythmes, les codes, les genres. Elle persécute ses acteurs pour en tirer l'essence et ses spectateurs pour les faire réagir ou leur couper le souffle, c'est selon. C'est glauque, sombre, allumé, illogique, violent, incompréhensible et de toute beauté. Une claque qui laisse une marque et qui nous rend maso, j'en veux une troisième. Et je veux réécouter et revoir ce générique en boucle.




UnREAL (saison 1)

Mon coup de coeur passé inaperçu cette année. J'en avais parlé sans avoir vu la totalité de la première saison. J'ai revu le tout après l'avoir finie. Les personnages sont extrêmement bien écrits, en particulier Rachel et Quinn, anti-héroïnes cyniques, brillantes et tentant de se montrer sans états d'âme. La critique Emily Nussbaum du NewYorker en dit :
"Mr. Robot (a smart, audacious anti-hero show about the fool underside of capitalism) shows up on may more lists than UnREAL (a smart audacious anti-heroine show about the foul underside of capitalism). From my perspective, UnReal is a notch better than the "terrific" Mr. Robot, but it's a harder sell, because it doesn't have the prestige package around it. It needs a harder push to get some viewers to recognize its substance."
Je ne saurai dire mieux, faites l'effort de passer à travers le voile-prétexte de la téléréalité et laissez-vous faire, je vous promets des moments de nausée envers la société actuelle plus puissants que Mr Robot, car plus réalistes et plus intimes.




Mr Robot (saison 1)

Ce n'est pas pour autant que je n'ai pas aimé Mr. Robot, au contraire, c'est une série magnifique, avec de jolis twists façon David Fincher (pour ne pas spoiler). Le anti-héros est magnifique, sombre et torturé à souhait. Le discours des hackers qui sont les seuls à pouvoir être hors société est tout à fait agréable et dans l'air du temps, et c'est très bien réalisé. Mais peu surprenant. Mais très plaisant. J'espère plus de surprises dans la saison 2.




Rectify (saison 3)

Est-il possible d'être fasciné par l'absence, le vide, le silence, l'attente, l'entre-deux ? Oui, depuis trois saisons. La quatrième et dernière vient d'être confirmée. Au vu de la montée en puissance des trois premières, je me réjouis de voir Daniel se confronter au monde "du dehors" pendant encore quelques épisodes, et j'attends avec impatience la "résolution" de ce non-vécu.
Cette série sur la réintégration après des années de prison est particulièrement exigeante envers le spectateur, mais très généreuse quand on a fait l'effort de se soumettre à son rythme. Si vous aimez la poésie réaliste, plongez, prenez le temps, observez, c'est beau et terrifiant.




The Affair (saison 2)

La première saison et sa narration aux multiples points de vue était très originale, superbement réalisée et son scénario vraiment intéressant. La saison 2 ne pouvait pas suivre le même chemin si elle voulait garder son brio. Elle a augmenté les points de vue de deux à quatre, ainsi que les flash back et forward, pour un récit plus touffu, complexe et sombre. C'est très réussi. Vivement la saison 3, Cole Lockhart me manque.




Sense8 (saison 1)

Dark Matter (saison 1)

The Expanse (saison 1) 


Un vrai renouveau de la SFFF, avec des scénarios dignes de ce nom, une grande diversité de personnages, des personnages féminins importants, forts, et passent tous haut la main le test Bechdel, quel pied !
Sense8 reste sur Terre mais avec des humains évolués, j'en avais déjà parlé. Dark Matter et The Expanse s'alignent dans le genre exigeants des Space Operas avec grand brio. J'avais déjà parlé de Dark Matter. Pour The Expanse, on est dans un univers beaucoup plus complexe, c'est sombre avec des anti-héros à foison, n'importe qui peut mourir à n'importe quel moment, ne vous attachez pas trop aux personnages (très nombreux). Jusqu'ici (5e épisode), je ne comprends pas tout et j'adore ça !

Anecdote intéressante, le premier épisode de The Expanse a été diffusé en ligne (VOD) fin novembre avant sa première "officielle" sur sa chaîne SyFy mi-décembre, le paradigme a définitivement changé. La vidéo ci-dessus est d'ailleurs le premier épisode entier, publié sur la chaîne officielle de la série.




Le nouvel âge des "sitcom"


Elles passent sur le "câble" (j'entends pas là autant HBO que Netflix, pas les chaînes traditionnelles qui étaient seules pourvoyeuses de ce format type 20-25 minutes), ce sont des épisodes courts, plus ou moins détachés les uns des autres. Même si je regarde toujours avec plaisir Modern Family, il n'y a pas grand chose d'autre d'intéressant sur les chaînes traditionnelles, malgré les originales mais pâles Black-ish et Fresh off the boat. Ces petites pépites sont les exceptions qui sauvent le genre :


Master of None (saison 1)

Aziz Ansari ne me faisait par rire dans Parks and Recreation, je le trouvais lourdingue, cliché et incapable de subtilité. La surprise a été totale avec Master of None, qu'il a écrit, qu'il réalise et où il incarne le personnage principal. Cette série est intelligente, drôle, émouvante, elle se pose des questions loin d'être faciles avec beaucoup de subtilités et on ne peut que s'attacher à son créateur qui dévoile une profondeur insoupçonnée dans ses rôles habituels. L'épisode où il refuse de jouer l'accent indien pour un rôle, celui où il présente sa copine à ses parents, celui sur les discriminations féminines, ou, évidemment, celui sur la recherche du meilleur taco truck de New York, j'en veux encore, plein. Et je lui ferais bien des bisous, à Aziz Ansari, pour le remercier de cette série qui réussit à passer du feel good au grinçant sans jamais avoir l'air d'y toucher. Coup de maître.




You're the worst (saison 2)

Est-il possible de parler de la dépression à la télévision et dans une sitcom ? Oui. Et ça rend les personnages encore plus attachants. Et ça n'empêche pas la série d'être drôle et rythmée.


Auxquelles j'aurais pu ajouter Mozart in the Jungle, la saison 1 et la saison 2 sont très chouettes, Broad City délicieusement loufoque, Looking qui me fait toujours autant vibrer et Togetherness dont je ne me lasse pas. J'en profite pour en repasser un extrait qui ne manque jamais de m'émouvoir.






La haute-couture



Mad Men (saison finale)

Est-il vraiment nécessaire de vous en parler ? Si oui, ->




Hannibal (saison 3)

Et si l'esthétique de l'horreur était ce qu'il y a de plus beau à la télévision en ce moment ? A la différence du sang versé dans American Horror Story ou The Walking Dead, Hannibal n'en perd pas une goutte, cela manquerait d'élégance, si flaque de sang il y a, c'est pour mieux refléter la peur d'un personnage. Plus les saisons avancent, plus cette série devient extraordinaire, à tous les niveaux, de l'esthétique au rythme, du jeu d'acteur au scénario, de la musique aux dialogues. Le pire ? Avoir faim après chaque épisode et s'inquiéter sur nos propres penchants cannibales carnivores.



Fargo (saison 2)

Comment recommencer une série parfaite déjà inspirée par un film parfait ? En reprenant les mêmes ingrédients. 30 ans plus tôt, toujours au Nord des États-Unis, toujours dans la neige, toujours avec un héros tellement gauche qu'il prendra systématiquement les mauvaises décisions. Bonheur. les acteurs sont géniaux, les décors seventies parfaits pour le glauque nécessaire à l'histoire, et l'idée de choisir un boucher suffisamment amusante pour que l'on attende le coup de tranchoir avec impatience. Encore meilleure que la saison 1, vont-ils réussir à monter en puissance à la saison 3 ? Sera-t-on dans les années 40 ?





En 2016, le nombre de pilotes annoncés rien qu'aux USA dépasse le nombre de jours dans l'année. Je vous tiendrai au courant de mes découvertes au fur et à mesure, mais je ne vais plus perdre du temps à faire des critiques systématiques.

Pour l'instant, The Shannara Chronicles c'est ce que j'attendais d'une série fantastique pour ados sur MTV (un mix entre Lords of the Rings, Hunger Games et The 100) et j'avoue ne pas attendre grand chose de nouveau avec impatience à part : Shameless s06 qui a commencé le 11.01 sans surprise, Anomalia s01 16.01, Vikings s04 19.02, Vinyl s01 15.02, 11.22.63 s01 16.02, House of Cards s04 05.03, Game of Thrones s06 25.04.

3 commentaires:

  1. Merci pour ce best of et ces suggestions.
    De mon côté, je rajouterais la deuxième saison de Halt and Catch Fire, ainsi que Puberty Blues que j'ai découvert grâce à toi et beaucoup apprécié.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Contente que tu aies aimé Puberty Blues ! (Mais c'est pas 2015 ;-)

      Pour Halt and Catch Fire, j'ai bien aimé aussi cette seconde saison, mais sans la trouver particulièrement mieux que la première, contrairement aux saisons 2 ou 3 que je cite ici, d'où mon choix de ne pas l'intégrer.

      Supprimer
  2. bravo, très bon billet et super sélection. mon énorme coup de coeur pour la seconde année consécutive reste The Leftovers. et oui, Transparent est un petit bijou (bravo Amazon).

    RépondreSupprimer