Gros plan

05/08/2022

Racisme ordinaire et raisins rouges

On a toutes et tous des biais racistes. Car notre culture l'est. Cela demande un travail actif de déconstruction pour s'en défaire. Ne pas se penser raciste et le proclamer haut et fort à qui veut l'entendre, ne change rien à ce qui précède, c'est du niveau "j'ai un ami noir". 

(D'ailleurs, je ne suis pas misandre, j'ai des amis hommes.)

Quand un peuple, ou une ethnie, se bat pour que des pratiques et/ou terminologies cessent, car elles les humilient, les blessent, les rabaissent, provoquent des biais sociétaux péjoratifs, quels qu'ils soient, c'est à nous (en particulier si nous faisons partie d'une classe dominante) de nous informer, de lire, d'écouter, et de tenter de comprendre, afin de ne pas reproduire ce qui, peut-être, avant de le savoir, nous paraissait totalement innocent. Il ne suffit pas de se penser non-raciste, il faut s'informer et se remettre en question pour devenir anti-raciste. Et se laisser, toujours, la possibilité de continuer à évoluer. Le racisme est systémique, sortir de ses rouages demande action.

(Même principe pour les discriminations genrées, sexuelles, corporelles, etc. : c'est du taf, c'est un parcours, ça prend du temps, il faut accepter d'évoluer et d'avoir tort.)

Mais la Suisse est lente, et proclame haut et fort que, elle, elle n'a jamais été une puissance colonisatrice. Sauf que les colonisations, la Suisse les a financées et s'en est enrichie. Des bustes de ces enrichis trônent sur des places de centre-ville partout dans le pays.

En 1992, quand Villars, chocolatier fribourgeois, décide de changer le nom de ses confiseries pour devenir des Têtes au Choco, la Suisse s'est émue de perdre un morceau de "patrimoine" en perdant le nom originel de "têtes de n*****". (Tous les autres producteurs ont suivi très rapidement, mais la version suisse-allemande "tête de maure" n'a pas évolué chez le producteur Dubler.) Ce "n-word" comme disent les américains, "passait" il y a quelques décennies, il ne passe plus aujourd'hui. La société évolue. Plus lentement en Suisse. Toutefois en 2022, il ne viendrait à personne, même en Suisse, de nommer un produit avec ce mot en n. Tout le monde a compris qu'il est raciste, dégradant, discriminant, choquant et violent pour celleux qui l'entendent.

Par contre, malgré les dénonciations nombreuses et régulières de racisme, on peut toujours acheter des pâtes "La Chinoise" et du chocolat "Banania".

Mais si la fameuse sauce de Knorr très appréciée Outre-Sarine ne s'appelle plus "tzigane", et que le riz a perdu son "Uncle" et son visage de vieil homme en esclavage pour devenir "Ben's original", à la Coop... ce n'est pas le cas à la Migros où il trône toujours sur les étagères dans toute sa splendeur raciste, malgré le fait que la marque tente de s'en détacher de toutes ses forces marketing.

Les luttes anti-racistes sont beaucoup plus exacerbées (et donc en avance) aux USA, pays melting pot d'immigration subie ou choisie, pays qui s'est construit et enrichi à coups d'esclavage et de génocides des peuples indigènes. Le meurtre de Georges Floyd par la police en 2020, a accéléré ces forces anti-racistes. La vague d'attaques anti-asiatiques lors des débuts de la pandémie de covid-19 a également soulevé un front de protestation. Mais il y a une catégorie de population qui se bat, depuis l'arrivée des colons blancs sur ce continent, les Premières Nations (1), et leurs luttes rencontrent malheureusement beaucoup moins d'échos. En particulier en dehors des continents américains.

L'équipe de football américain qui s'appelait les "Redskins", et qui avait une tête d'homme autochtone avec une coiffe à plume en guise de logo, a enfin changé de nom durant l'été 2020, après des décennies de luttes des associations des Premières Nations (2). Ce qui, dans pratiquement tous les médias américains, a été célébré comme la victoire à la fin d'une lutte, par exemple dans La Presse (Canada) "le nom le plus polarisant dans les sports professionnels en Amérique du Nord a disparu à une époque où l’injustice raciale, l’iconographie et le racisme aux États-Unis sont au cœur des préoccupations". En Europe, cela a été traité un peu différemment : "nom faisant débat", "perçu comme offensant par une partie de la communauté amérindienne" (je vais revenir sur ce mot) dans l'Équipe, on parle d'un "propriétaire qui cède sous la pression d'une partie de l'opinion" dans Le Parisien, et à la RTS (repris du communiqué de l'afp), on parle de "renoncer à un nom polémique" dans La Croix. Le pire que j'ai lu étant, à nouveau dans l'Équipe, la phrase "sous l'influence d'un mouvement appelé « Cancel Culture »" (3).

Voilà comment la lutte des Premières Nations, qui dure depuis des siècles, pour rétablir leur dignité, est considérée ici. Une petite polémique à la mode. C'est "woke".  Et cela va de pair avec les classiques :
- oh mon dieu bientôt ils vont nous faire effacer notre histoire (dès que quelqu'un ose suggérer que la statue d'un homme qui s'est enrichi grâce au trafic d'esclaves n'orne plus une place principale dans une ville)
- "tête de n*****" c'était notre patrimoine, moi je m'en fous, je continue à les appeler comme ça
- faut arrêter de voir le racisme partout, c'est ça qui divise la société
- c'est pas si grave, il y a d'autres combats plus importants
- je ne suis pas raciste, bien au contraire
- les indiens, c'est un rêve de gosse

Bref. Du racisme ordinaire. Qui s'exprime haut et fort. Partout. En commentaire de chaque article qui traite d'une question raciale. Du racisme qui n'a pas l'impression d'en être. Mais qui est exactement ça. 

Si nous laissons couler, rien ne changera jamais. Il faut utiliser les énergies qu'on a pour le combattre. Ce n'est pas uniquement aux personnes racisées de supporter le fardeau du gigantesque travail qui va encore être nécessaire pour améliorer les choses. (Comme ce n'est pas uniquement aux femmes de porter le fardeau du gigantesque travail qu'il reste à faire pour annihiler le patriarcat.)

Ce que j'essaie, à mon niveau, dans mon domaine : la gastronomie, en francophonie. Quand un restaurant sort une carte des vins sans vigneronnes, j'en suggère quelques unes, quand il y a un événement qui n'inclut aucune femme, je notifie que ça se voit, il m'arrive même d'en proposer pour les aider. Quand une appellation raciste ou sexiste apparait sur une carte, je propose une modification. Je laisse le bénéfice du doute, du temps pour s'améliorer. Certaines et certains écoutent, se remettent en question, et font mieux la fois suivante. D'autres fois, c'est l'inverse qui se produit, c'est-à-dire : rien. (Avec le petit bonus de passer pour la "chieuse/féministe de service". Ce n'est pas grave, ça avance quand même, petit à petit. Je veux bien me prendre une balle perdue de temps en temps).


Je ne suis pas raciste, bien au contraire. 
Pour moi, les indiens c'est un rêve de gosse.


Quand j'ai vu passer cette étiquette sur instagram, pour une nouvelle cuvée intitulée "Peau Rouge" avec ce dessin qui ne laisse aucun doute sur le fait qu'on ne parle pas de la peau des raisins, produite par un caviste nature en one shot (mais qui a pour ambition de devenir une série explique-t-il sur le compte instagram "vins peau rouge" qu'il a créé exprès pour ce nouveau produit), j'ai commenté en expliquant que "Peau Rouge" est considéré comme une insulte raciste par les personnes concernées.

Sa réaction a été d'effacer mon commentaire. Donc j'en ai remis un, pour voir si c'était une erreur. Et j'ai doublé avec un commentaire sur le compte de sa boutique de vins sans soufre à Bulle. Commentaires effacés. Mon amie caviste a tenté aussi. Commentaires effacés à nouveau. Mon compte a été bloqué. Elle s'est fendue d'un message privé plus long et explicatif, et là il a pondu sa réponse (parce que j'ai continué à pousser et à lui dire que c'est raciste, et j'ai gueulé sur twitter et facebook) :


Cette réponse, il l'a faite pratiquement à l'identique, plusieurs fois, en message privé et en public, déconstruisons.

"Les amérindiens" ça commence mal, cette appellation est problématique. Les Premières Nations n'ont d'indiens que dans les yeux des colons si mauvais en géographie qu'ils se croyaient sur un autre continent. Tout terme à base d'indiens pour parler des autochtones des continents américains est premièrement faux et bête, deuxièmement choquant et raciste. Ce n'est pas moi qui le dit, ce sont eux.

"C'est ainsi qu'ils ont hérités de leur surnom" C'est une légende. Pas la question des peintures cérémoniales, la question de l'origine du rouge. Elle est probablement plurielle et complexe, et vient probablement des peuples indigènes eux-même (c'est ensuite l'usage des blancs qui a rendu ces termes péjoratifs). Et a été ensuite simplifiée par l'histoire du far-west et les mythologies western où les blancs, vainqueurs qui l'écrivent, se dépeignent comme bons, forts, courageux et intelligents, et où les autres sont belliqueux, inférieurs, acculturés et à dominer.

Source : https://peopleofonefire.com/how_indians_got_to_be_red.pdf


Passons au coeur du problème : "Peau Rouge". Dans les dictionnaires américains actuels, ce terme est défini comme offensif, dépréciatif, insultant, et à proscrire. Bref, c'est un terme raciste. Les personnes concernées tentent d'éduquer les gens à ne pas l'utiliser et à se défaire de cette humiliation. Ce n'est pas discutable, c'est factuel : c'est raciste.

"Un shaman en plein rituel ... [qui] représente la liberté". On tient au coeur du problème : les Premières Nations ne sont pas libres. Elles sont l'inverse de la liberté. Elles ont perdu les terres de leurs ancêtres. L'homme blanc leur a imposé des frontières, les a parqués dans des réserves, a fait un travail de génocide et d'annihilation culturelle sur les survivants, continue à polluer les sols, l'air et les eaux. Même le pape l'a reconnu. Si le pape l'a reconnu, ça ne devrait pas être très difficile de faire de même.

"Pas de connotation raciste, bien au contraire." Ben si. Peau-rouge, c'est raciste. Point barre. Et je ne comprends vraiment pas ce que veut dire "bien au contraire".

"Pour moi les indiens c'est un rêve de gosse." Et alors ? De une, si c'était le cas, il aurait lu et appris, et donc n'utiliserait plus un terme comme "indien", déjà déconstruit ci-dessus. De deux, entre quand j'étais enfant et aujourd'hui, la société a évolué, et tant mieux. Il faut faire un tout petit effort là quand même. Ce n'est pas très difficile à comprendre que le mot "indien" est tout aussi problématique et calqué par l'homme blanc que "peau rouge". (Oui, je perds patience, désolée. Pour la peine je vous offre un lien magnifique : History buffs qui décrypte Dances with the wolves, il en profite pour résumer l'histoire des "guerres indiennes" en particulier celles subies par les Lakota.)

"La forme peut prêter à une mauvaise interprétation." C'est un terme raciste. Ce n'est pas une interprétation, ce sont les associations de Premières Nations qui se battent depuis des décennies pour que ce terme ne soit plus utilisé. C'est même dans les dictionnaires US. Il n'y a pas de débat. Ce n'est pas une interprétation.

"Le fond est celui que j'ai dans le coeur, aucune haine, aucun sous-entendu." Mais c'est super alors. Cette étiquette reste raciste. Ce n'est pas grave, c'est une mini cuvée de moins de 300 bouteilles. C'est donc assez facile à modifier, il suffit de trouver un nouveau nom, pour lequel le vigneron aura potassé un peu ses "indiens" qu'il a "dans le coeur" depuis l'enfance. Cela lui permettra peut-être enfin de comprendre pourquoi son étiquette pose problème. Et il pourra même trouver que le jeu de mot avec la peau rouge du raisin est suffisant en soi, sans s'approprier la culture d'autres pour faire du marketing. Ou carrément changer de direction et utiliser une autre métaphore pour la liberté, sans exploiter, ni dégrader personne. 

Ça tombe bien en plus, c'est son vin, vendu sur sa propre boutique. Rien de plus simple que de le retirer, trouver un nouveau concept, refaire des étiquettes et le remettre en vente.

Et ça lui évitera de se prendre un backlash, par ignorance (qu'il ne peut plus clamer vu qu'on lui a expliqué) comme pour ces étiquettes de vêtements sexistes ("mais c'était de l'humour"), ces bières sexistes (avec combo raciste pour l'étiquette ci-dessus histoire de rester dans le thème), et toutes les marques alimentaires qui sont en train de changer de logos, d'étiquettes, de noms, etc. Pour ces marques-là, en général ça coûte des fortunes, et certaines ne se remettent jamais vraiment. Celles qui en reviennent sont celles qui font un véritable travail de formation personnelle, d'introspection, et qui s'excusent officiellement.

On le sait, le monde du vin est très blanc et très masculin. Et si ça changeait ?

Et si, quand quelqu'un vous dit : c'est raciste. Au lieu d'avoir le réflexe immédiat de dire je-ne-suis-pas-raciste-bien-au-contraire, tenter de réfléchir à ce que l'autre pointe du doigt. Un acte raciste ne fait pas de vous "un raciste". C'est une question de gradation, nous le sommes toutes et tous d'une manière ou d'une autre. Si cela vous tient tant à coeur de clamer je-ne-suis-pas-raciste-bien-au-contraire, il est temps de suivre avec des actes, de la remise en question, de la formation. Et de ne plus reproduire cet acte raciste que vous avez probablement fait sans vous rendre compte des préjudices qu'il impliquait. Mais maintenant que vous le savez : persévérer c'est être raciste. Ce n'est plus un acte banal. C'est délibéré. 


***


1 - J'utilise ici les termes Premières Nations, popularisés puis définis et utilisés officiellement au Canada, pays bilingue, depuis les années 80. Cela fait donc bientôt un demi-siècle. Il serait grand temps d'abandonner les mots à base d'erreurs géographiques coloniales précédents...
Voici l'entrée complète dans l'Encyclopédie Canadienne : 

En anglais, c'est First Nations. Aux USA, c'est depuis les années 70 que les associations tentent de supprimer les termes "Indian American" des textes officiels. Les termes préférés sont Native Americans ou Indigenous People of America. En Amérique centrale et du Sud, les termes utilisés sont Pueblos (ou) communidades indigenas. Ces dénominations sont plus difficiles à utiliser en français, car on arrive vite à des phrases problématiques et péjoratives à base de "les natifs" ou "les indigènes" (plutôt que les Peuples/Communautés Indigènes/Natives). D'où mon choix d'utiliser la terminologie francophone officielle du Canada. 

Toutefois, aucune de ces dénominations n'est idéale, déjà parce qu'on parle d'une grande diversité de communautés, tribus, peuples, et de nombreux territoires. Native Americans par exemple a été défini et utilisé par le gouvernement US, donc certaines tribus refusent de l'utiliser. Certaines personnes se sont appropriées les termes "indiens" qu'ils ont entendu toute leur vie et continuent à l'utiliser. (Mais, comme le "n word", s'ils le font, vous, blanc, don't.) 

J'utilise ici des termes génériques pour parler globalement. Si l'on discutait d'un territoire ou d'une tribu en particulier, j'utiliserais le nom que cette communauté, ce peuple ou cette tribu se donne.


2 - Une histoire du terme "redskins" depuis son origine jusqu'aux luttes pour que l'équipe change de nom : https://www.washingtonpost.com/local/a-brief-history-of-the-word-redskin-and-how-it-became-a-source-of-controversy/2016/05/19/062cd618-187f-11e6-9e16-2e5a123aac62_story.html


3 - La Cancel Culture n'existe pas.


***

PS : Merci infiniment aux personnes qui ont relu ce texte avant que je le publie <3

PS2 : Les commentaires sont ouverts, mais modérés a priori, je ne laisse pas passer d'insultes sexistes ou racistes. Mais si j'ai dit une bêtise, s'il reste une coquille, si vous avez une précision, ou d'autres sources sur le sujet, n'hésitez pas : lâchez vos comms comme on disait il y a 10 ans.

13 commentaires:

  1. Merci merci merci de ce travail encore et toujours (malheureusement) nécessaire ! Sur votre blog, sur Instagram, au quotidien. Espérons que les personnes concernées puissent le lire et comprendre, enfin.

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  2. Merci pour toutes ces explications. Il est vrai que j'ai toujours utilisé le terme "amérindien", justement parce que je ne savais pas trop comment traduire "native American" mais je vais modifier ça et utiliser plutôt "Premières Nations" dans le futur (et modifier là où ça doit être modifié).

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  3. Je n'ai rien à dire que merci pour cet excellent article, que je m'empresse de partager!

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  4. Magnifique texte !! Je l'ai lu d'une traite ! En Amérique centrale (avec "c" minuscule, hihi), on parle surtout de "Pueblos Indígenas". Car ils sont beaucoup. Pueblo maya q'eqchi', pueblo maya k'iche', pueblo xinca, garifuna. Mais les "communautés", c'est pas faux. :) Bisous du Guatemala. Eliane-Amaranto.

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  5. Super article. Bien construit, très explicatif.

    J'ai vu les story sur Instagram sur ce vin. Sans ce genre d'analyse, beaucoup laisseraient passer ce genre de démarche, car "ce n'est pas choquant" et ça "représente les indiens quoi...". Bravo pour la démarche et le travail sourcé et clair.

    Mon seul commentaire est à propos d'une note "on arrive vite à des phrases problématiques et péjoratives à base de "les natifs... ""que j'aurai aimé être creusée un peu plus : expliquer pourquoi ces termes en français posent problème ? Pourquoi en espagnol c'est "ok"? Cela afin de bien encercler la problématique et de me pas laisser de place à l'interprétation.

    Merci beaucoup 👍

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    1. funambuline05/08/2022 17:29

      C'est qu'il fallait lire la phrase en entier : "des phrases problématiques et péjoratives à base de "les natifs" ou "les indigènes" (plutôt que les Peuples/Communautés Indigènes/Natives)". Ça peut être perçu de manière péjorative dans toutes les langues de dire juste "les natifs" ou "les indigènes". Ce n'est pas péjoratif de dire les Peuples Indigènes par contre.

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  6. Milneufçentrentçisblan05/08/2022 17:24

    Clair, précis, pédagogue et nécessaire, bravo et merci pour ce beau texte!

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  7. Merci pour ce texte très intéressant et très clair. Selon mon opinion, ce n'est pas le fait que ce vin s'appelle peau rouge qui est choquant, car les mots appartiennent à tous le monde et n'ont la signification que l'ont veux bien leur donner, mais c'est l'association des mots et l'illustration qui va avec...et le fait que le propriétaire efface les commentaires qui ne l'arrange pas ... par ailleurs, vous dites que la "cancel culture" n'existe pas (ce qui dans le fond est juste mais pas dans la forme); vous faîtes ce que vous reprochez, c'est-à-dire, d'exclure une "pensée", ce qui coupe tout débat.

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    1. funambuline09/08/2022 09:35

      Merci pour votre commentaire.
      Il vous a peut-être échappé que sur ma note no 3, sur la "cancel culture", il y a un lien. C'est une vidéo de plus d'une heure qui éclaircit le débat actuel. Et c'est une introduction à ce débat, complexe et nuancé, qui ne se résume pas en une note de vas de page.

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  8. Excellent texte. Je n'ai qu'une chose à ajouter, c'est que je ne suis pas d'accord avec le déboulonnage de statues, pour une raison que j'estime importante : si on déboulonne les statues de personnages importants mais problématiques (colons, racistes, etc.), on va oublier que nous, oui, nous en tant que culture, les avons adulés, qu'ils font, avec tous leurs défauts, partie de nous, et que ce n'était pas beau, et qu'il ne faut pas recommencer - et si on oublie, on risque de recommencer... Je trouve que c'est nier et renier nos propres péchés. Je préfère nettement la solution qui consiste à ajouter une plaque explicative soulignant leurs défauts.

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    1. Alors justement,
      As tu besoin d'une statue pour garder mémoire ? Il y a toujours un je ne sais quoi bien aliénant bien patriarcal très gênant avec ces statues (leur position dans l'espace public, ce qu'elles représentent dans l'inconscient collectif), ça rempli pas un devoir de mémoire comme tu dis mais renforce la sauce dans laquelle nous sommes pour pas utiliser de gros mots compliqués. Je n'ai aucun problème avec le fait qu'il y ait un musée national mémoriel dans lequel on foutrait toutes ces merdes pour pas froisser les gens trop aliénés avec des pancartes explicatives objectives (pas leur autobiographie ou leur épitaphe). Mais c'est justement parce que des gens vouent un culte à ces types qu'il faut leur retirer leur caractère "suprême" quelque soit la méthode au final. Tu peux dire que tu as ici affaire à un système autosuffisant, comme avec les religions et pas mal de cultes, du moment que la grandeur du dieu ou de l'individu est représentée dans l'espace (immuable) et dans le temps (éternel).

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  9. Merci pour ce texte ! Très enrichissant et important pour se deconstruire.

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