J'aime la cuisine, les ingrédients, les restaurants. Et j'aime le cinéma. Quand un excellent film me parle d'excellente cuisine, je fonds. Quand ce film est un chef oeuvre, je vous fais un billet dithyrambique avec environ 2'345 photos. Big Night est un long-métrage réalisé par le délicieux Stanley Tucci en 1996 qui met en scène deux frères, Primo et Secondo, imigrés italiens venus à New York tenter leur chance dans le monde sans pitié de la restauration. D'autant plus quand le chef, Primo, est incroyablement doué mais refuse de faire autre chose que SA cuisine, comprendre ne pas nourrir les New-yorkais de pâtes aux boulettes de viandes. Au bord de la faillite, Secondo qui gère le restaurant, réussit à inviter Luis Prima pour une nuit exceptionnelle qui fera le rayonnement de son restaurant et devrait assurer leur futur.
Les deux frères mettent alors tout en oeuvre pour que ce soir-là soit montré l'étendue de leurs talents. Et c'est à sa préparation, puis à cette soirée si spéciale que nous allons assister.
Après la mise en place (et quelques imprévus), le repas peut avoir lieu.
Les mimiques d'appréciation des plats successifs mettent l'eau à la bouche.
LE plat que je veux absolument tester un jour, la fierté de Primo.
Je n'ai vu aucun autre film où le déroulé d'un repas est aussi linéaire, aussi détaillé, aussi sensuel, aussi passionnant. Maestria de la caméra et de la direction d'acteur qui nous fait presque sentir les odeurs et les saveurs de chaque plat servi. J'ai beaucoup regretté que le dessert soit presque entièrement coupé au montage.
Malgré cet énorme succès culinaire, cette nuit est un échec. Elle est éprouvante pour les nerfs de chacun. Et là, vient le chef d'oeuvre dans le chef d'oeuvre : la scène finale. Le lendemain matin de cette Big Night qui ne fût pas celle qu'ils espéraient. La gueule de bois de l'alcool et de la déception mêlées, Stanley Tucci/Secondo cuisine une frittata.
Ce plan séquence dure plus de cinq minutes. La précision cinématographique et culinaire nécessaires à cette séquence m'impressionnent. Le bon cadre, le bon geste de la main qui tourne le bol quand il bat ses oeufs, la maîtrise de la flemme, le timing de la scène et de la caméra qui lui permet de mettre l'ambiance autour du piano, hop, le retournement de la frittata (je n'ose imaginer le trac de ce retournement et le nombre de prises nécessaires rien qu'à cause de ce geste-là), l'absence de dialogue remplacés par les bruits familiers de la cuisine et les gestes entres les protagonistes.
Test Bechdel : presque passé... mais non. Il y a deux très beaux rôles de femmes dans ce film très masculin, mais Minnie Driver et Isabella Rossellini, lorsqu'elles se retrouvent seules, parlent des hommes...
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