Il fût un temps ancestral où l'été était un désert sériesque. Ce temps est révolu. Comme au cinéma où de plus en plus de films US choisissent de sortir en plein été, de très nombreuses séries sont diffusées entre juin et septembre. Il a donc dorénavant 3 périodes de sortie de séries par année : fin septembre-octobre-novembre, janvier-mars et juin-août. Mon précédent billet fin mai vous conseillait donc les séries du printemps 2014, passons aux séries de l'été.
Plusieurs composantes récurrentes dans les sorties de ces derniers mois :
- Il n'y a jamais eu autant de personnages principaux de femmes, scientifiques, de pouvoir, fortes, complexes, ça fait plaisir. (par exemple : The Honourable Woman, Masters of Sex, Extant, ...)
- Les séries portées par un réalisateur ou auteur connu continuent à pulluler, les années précédentes nous avions eu Jane Campion (Top of the Lake), David Fincher (House of Cards), Stephen King (Under The Dome), Scorsese (Boardwalk Empire) et tant d'autres, cet été ce sont Spielberg (Extant), Guillermo del Toro (The Strains) et Michael Bay (The Last Ship) qui s'y collent.
- La fin du monde après une épidémie (j'englobe les zombies) ou une catastrophe naturelle est un genre qui ne se tarit pas, probablement grâce au succès continu de The Walking Dead, que j'avoue apprécier. Seul problème : ça met en avant de manière systématique le "modèle américain" du chacun sa voiture-chacun son gun, qui me pose un vrai soucis, d'autant que ces séries s'accumulent. (Pour en citer quelques'unes de ces deux dernières années : The Falling Skies, The Last Ship, Helix, Revolution, The 100, Under The Dome, The Leftovers, ...)
- Un autre genre en vogue concerne l'espace, soit par des aventures liées à voyage dans l'espace ou à une station internationale (Extant, The 100, The Astronaut Wifes Club), soit par des extraterrestres (The Falling Skies). Dans le côté futuriste, les robots humanoïdes est également un thème porteur (Extant, Real Humans).
- Les séries historiques continuent à avoir du succès, on repeint des époques très proches ou plus lointaines, souvent avec un soin minutieux qui rend ces séries passionnantes, par exemple Halt and Catch Fire (années 80), Masters of Sex (début années 60), Vikings (moyen-âge), Crossbones (XVIIe), ...).
- Le monde de l'informatique et des start up tech fascine avec deux séries dédiées ces derniers mois, l'hilarante et si bien observée Silicon Valley, et la sombre et géniale Halt and Catch Fire .
Je pourrais faire un billet par série, mais c'est un boulot de dingue. Je devrais attendre la fin d'une saison pour vous parler d'une série, mais avec certaines on sait dès le premier épisode que c'est très très mauvais, ou très très brillant. Et chaque saison peut amener des déconvenues violentes (comme Homeland dont j'ai adoré la saison 1 et détesté la saison 3, mais dont je vais tout de même regarder la saison 4, dès le 5 octobre). Mes articles séries naviguent donc au gré de mes coups de cœur du moment, de mon avancée de visionnement et j'assume ma totale subjectivité. On est parti, trois catégories comme d'hab : à voir absolument, mouais bof c'est rigolo mais pas top, ne perds pas ton temps.
Oh oui, encore !
The Honourable Woman (saison 1)
Nessa Stein a hérité une fortune colossale de son père. Grâce à cette fortune, depuis le Royaume Uni où elle est anoblie au début du premier épisode, elle oeuvre pour la paix entre Israël et la Palestine, qu'elle pense dépendante de l'amélioration des conditions socio-économiques des Palestiniens. On comprend très vite que les jeux d'influence secrètes et la politique internationale seront la toile de fond de l'intrigue. Le traitement visuel est très bon, le rythme permet d'installer des personnages complexes. Maggie Gyllenhaal est sublime dans ce rôle principal. Cette mini-série aura 10 épisodes, j'en ai vu 3 pour l'instant et, pour une fois, je n'ai aucune idée de comment elle va se terminer, et je vais continuer à la déguster avec appétit.
Pour en savoir plus, une analyse du premier épisode par l'excellent Monde des Séries.
Halt and Catch Fire (saison 1)
1983, coeur du Texas, la révolution des PC se profile. Joe MacMillan a une idée en tête : concurrencer IBM. Il trouve une jeune prodige du code et un ingénieur, et réussit à manigancer pour que Cardiff Electric mette au point un nouvel ordinateur révolutionnaire. Les quatre personnages principaux, le génie du marketing, l'ingénieur, son épouse et la codeuse, sont flamboyants et moins caricaturaux qu'il n'y paraît. L'ambiance est sombre, on complote, on manigance, on est à la limite de la légalité. Le rythme est trépidant, le traitement visuel très esthétique et la re-création des décors, costumes et même coupes de cheveux de l'époque est très bien fichue. C'est avec un plaisir non dissimulé qu'on retrouve Lee Pace en héros de série après la mythique Pushing Daisies, dans un rôle totalement différent. La série met en avant également les talents scientifiques de deux protagonistes féminins, surprenant dans ce monde où on ne les attend pas (contrairement à Silicon Valley qui ne passe pas le test Bechdel.)
La réception critique a été excellent, l'audimat également pour les premiers épisodes, elle commence malheureusement à tomber, ce sera peut-être une brillante série à saison unique. Le merveilleux site Art of the Title a réalisé un interview et une très belle analyse sur le générique étonnant de cette série.
La réception critique a été excellent, l'audimat également pour les premiers épisodes, elle commence malheureusement à tomber, ce sera peut-être une brillante série à saison unique. Le merveilleux site Art of the Title a réalisé un interview et une très belle analyse sur le générique étonnant de cette série.
Masters of sex (saison 2)
La première saison en 2013 était très intéressante. Cette deuxième saison commence à merveille. La série parle de William Masters et de Virginia Johnson qui ont étudié les mœurs sexuelles des américains au début des années 60, personnages inspiré de deux chercheurs réels qui ont mis au point les premières "thérapies sexuelles". L'ambiance visuelle et sonore est toujours aussi soignée, j'espère que cette saison sera à la hauteur de ses personnages.Utopia (saison 2)
Utopia était tout simplement la meilleure série de 2013. La plus belle visuellement, avec un scénario et un rythme à couper le souffle, la plus originale, la plus choquante aussi. Je l'ai revue dernièrement avec autant de plaisir que la première fois. Cette deuxième saison, aussi courte que la première (6 épisodes) promet la même intensité. Je ne peux rien vous raconter, il faut s'y plonger sans filet, mais ne ratez pas ce chef d'oeuvre. Par contre, attention aux âmes et yeux sensibles, la réflexion sur le voyeurisme de la violence ne laisse pas indemne, celle sur la privacy non plus. Petit aperçu :
Mmmh, intéressant
Extant (saison 1)
Halle Berry incarne Molly Watts, une astronaute qui vient de rentrer sur Terre après une mission solitaire de 13 mois dans la station spatiale internationale. Elle retrouve son mari et son fils et doit se réadapter à la vie civile en pesanteur. Dans le pilote on apprend très vie qu'elle est enceinte, ce qui est impossible, vu qu'elle est stérile, son fils est un robot humanoïde créé par son mari et qu'elle vient de passer 13 mois seule dans l'espace.
Spielberg (créateur et producteur exécutif de la série) nous ouvre 4 arcs narratifs différents dès le pilote, c'est trop. Mais s'il réussit à tous les développer durant cette saison, elle sera peut-être passionnante. Pour l'instant je prends un plaisir dubitatif à la regarder, elle est très joliment tournée, mais c'est too much. Par contre, c'est original et je ne sais pas encore, après 3 épisodes, où elle nous emmène. A suivre pour les amateurs de SF donc, mais non indispensable.
Spielberg (créateur et producteur exécutif de la série) nous ouvre 4 arcs narratifs différents dès le pilote, c'est trop. Mais s'il réussit à tous les développer durant cette saison, elle sera peut-être passionnante. Pour l'instant je prends un plaisir dubitatif à la regarder, elle est très joliment tournée, mais c'est too much. Par contre, c'est original et je ne sais pas encore, après 3 épisodes, où elle nous emmène. A suivre pour les amateurs de SF donc, mais non indispensable.
Crossbones (saison 1)
Le merveilleux John Malkovich (John Malkovich John Malkovich, John Malkovich ! John Malkovich, John Malkovich, John Malkovich.) incarne Black Beard. Auto-proclamé gouverneur d'une petite île des Caraïbes où il tente de mettre en place un nouveau système politique (comprendre non monarchique). Les Anglais le recherchent activement, évidemment. L'île est malheureusement très carton-pâte-pirate-des-caraïbes, certains acteurs ne sont vraiment pas à la hauteur du maître Malkovich et le scénario ne brille pas par sa subtilité. Mais c'est une des meilleures séries de pirates que j'aie vu (c'est dire le niveau des autres, ahem) et ça reste plaisant à regarder. D'autant que les personnages féminins sont nombreux et pas uniquement des paires de seins, et que les quelques moments passés à bord des trois-mâts sont plutôt bien tournés.
The Strain (saison 1)
Guillermo del Toro (connu pour ses films macabres et fantastiques comme Cronos, le Labyrinthe de Pan ou plus récemment Hellboy ou Pacific Rim) et Chuck Hogan ont commencé par écrire une trilogie de romans, avant de trouver une chaîne de télévision (FX) qui accepte de financer leur série. On mélange théorie du complot, épidémie mondiale, vampires... et humour, pour arriver à un résultat qui tape en plein dans le navet d'horreur jouissif... pour ceux qui aiment. C'est poussif, bourré de clichés, il n'y a aucune ambition de subtilité, mais c'est efficace, rythmé, très esthétique et tout à fait abominable. Un plaisir coupable pour les amateurs du genre. A NE PAS regarder si vous avez le cœur fragile.
Go home, you're drunk!
Falling skies (saison 4)
Il faut que je commence par une confession : j'ai beaucoup aimé les trois premières saisons de The Falling Skies. Quand la plupart des critiques criaient au navet au bout du pilote, je me suis accrochée et malgré le fait que les personnages sont horriblement clichés et pétris de bons sentiments et que tous les acteurs ne sont pas au sommet de leur art, j'ai pris un énorme plaisir à me perdre dans les différentes races d'aliens envahisseuses et j'ai beaucoup apprécié le traitement visuel post-apocalyptique.
Mais il faut avouer que cette 4ème saison fait partie de ce que j'ai vu de pire dans le genre. A chaque saison, le paradigme de base était différent, c'est encore le cas ici où les personnages se retrouvent tous séparés et tentent de s'en sortir chacun dans des univers aussi absurdes qu'un sanctuaire faussement zen, qu'un ghetto façon Varsovie sous invasion d'aliens et qu'un centre de rééducation façon jeunesse hitlérienne. Le bullshit est total. Dommage, c'est à mon avis l'arrêt de mort de cette série pas si inintéressante que ça.
The last ship (saison 1)
Encore une question d'épidémie mondiale. Sur un navire militaire US (what else?) une expédition scientifique se rend pendant 6 mois au Pôle Nord pour des prélèvements. A la fin de leur mission, où ils étaient en silence radio et donc sans nouvelles du reste du monde (évidemment), ils découvrent qu'une épidémie a frappé le monde entier. Mais ils ont à bord la spécialiste mondiale des épidémies de ce genre (si ça c'est pas de la chance) et vont donc parcourir le globe pour l'aider à créer un vaccin et pour s'approvisionner. Ce qui permet à chaque épisode d'être dans des lieux aussi absurdes que Guantanamo, au Costa Rica, en conflit avec un bateau russe (les russes sont à nouveaux des méchants récurrents dans les séries US vous avez remarqué ?). Si j'ajoute à ces absurdité que c'est la mâchoire carrée d'Eric Dane qui donne le sens dramatique et la légendaire subtilité de Michael Bay qui est à la tête de ce projet, vous comprendrez que vous pouvez vous en passer.
Tyrant (saison 1)
J'ai gardé le meilleur du pire pour la fin. Barry, pédiatre US, revient dans son pays d'origine (une invention totale qui serait dans le Golfe) à l'occasion du mariage de son neveu. Le père de Barry, qui est en fait Bassam, prince héritier est un dictateur sanglant. Son frère va prendre la succession de son père qui meurt quelques jours après l'arrivée de Barry-Bassam sur le territoire. Afin d'aider son frère à prendre une direction plus démocratique nécessaire après les différentes révolutions arabes, Barry-Bassam décide de rester quelques temps avec sa famille.
TOUT est mauvais : les acteurs, le soi-disant réalisme des décors (lol), la tentative de ne pas être caricatural (les dirigeants ne sont pas tous des salopards sanguinaires et les révolutionnaires pas tous des gentils désintéressés, mais par contre tous ceux qui ont été "occidentalisés" sont beaucoup plus libres et intelligents et GENTILS que ceux qui sont restés au Moyen Orien, bien sûr), c'est un échec retentissant. Ne perdez pas votre temps avec cette bouse raciste.
A suivre...
Il y a aussi Manhattan (premier épisode hier soir à propos du Projet Manhattan) et Legends (un polar) qui sont prometteuses selon les critiques qui ont déjà vu les pilotes.
Par contre, je ne vous ai pas parlé de The Leftovers parce que je ne sais pas encore quoi en penser, ça ne me passionne pas, mais je ne saisis pas encore où ils veulent en venir, et les acteurs sont plutôt très doués pour nous accrocher à leurs personnages, j'attends de voir.
Si vous n'avez pas trouvé votre bonheur dans cette article, je rappelle ma page qui recense toutes les séries que je recommande. Et si vous avez vu d'autres choses intéressantes ces dernières semaines, n'hésitez pas à m'en parler, j'ai encore un peu de place dans mon planning séries estival !
Je me suis surprise à beaucoup aimer H&CF, moi qui ne m'intéresse pas du tout à l'informatique... je vais bientôt commencer la S2 de Masters of sex, une vraie réussite. Quant au reste, trop de zombies ou de vaisseaux spatiaux pour moi... Je recommande, dans deux genres différents, Ray Donovan et Rectify, dont les S2 sont en cours.
RépondreSupprimerUne précision pour The Leftovers : c'est une série écrite par le même scénariste que Lost... need I say more ? ;-)
Merci pour ce panorama estival en tout cas !
Je n'ai pas du tout accroché à Ray Donovan, trop masculin pour moi, ça ne m'a pas parlé.
SupprimerJe note Rectify en revanche, merci :-)
Tu as vu Veep ? Sinon, je te recommande. Satire politique centrée sur la vice-présidente des US (qui vit dans l'ombre du président et rêve de prendre sa place) et ses collaborateurs proches, qui multiplient les bourdes et enchaînent les situations de crises quand ils ne sont pas en train de se poignarder dans le dos. Humour féroce, écriture brillante, interprétation impeccable. Et ça ne fait que s'améliorer : j'ai (littéralement) pleuré de rire durant l'avant-dernier épisode de la 3e saison. ^^ Sans hésiter mon coup de cœur du moment.
RépondreSupprimerNoté !
SupprimerMoi c'est plutôt les surnaturels!Merci pour cette sélection
RépondreSupprimer"Happy valley": une mini série très british (ça se passe dans le nort de l'Angleterre) super thriller!
RépondreSupprimerhttp://www.allocine.fr/series/ficheserie_gen_cserie=11658.html
J'ai bien aimé la mini-série Happy Valley, mais je la trouve trop sombre et déprimante, je ne l'ai donc pas choisie ici. Dans le genre, j'ai préféré Broadchurch que je te recommande.
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