27/06/2015

Series 2015 : maigre récolte



L'automne dernier et ce printemps ont été parmi les saisons de séries les plus catastrophiques depuis le boom des séries. Le pourcentage d'annulation de nouveautés, parfois avant même la fin de leur première saison est gigantesque, et je me suis retrouvée tout à fait dépitée par le manque de choses intéressantes. Beaucoup trop de séries qui essaient d'utiliser des "ingrédients qui marchent" et se plantent lamentablement. Quels sont ces ingrédients ? Recréer une époque assez récente -à cause du succès de Mad Men-, parler d'une épidémie apocalyptique -à cause du succès de The Walking Dead-, des séries de super-héros -8 nouveautés entre 2014 et 2015, aucune ne vaillant la peine pour l'instant-, les séries médicales -est-il vraiment nécessaire que je vous précise pourquoi ?-, et on ne compte plus les remakes de films, suites de films en format série, spin off d'univers de films en série et même spin off de séries encore à l'écran en nouvelle série. La série Arrow par exemple, est couplée à la série The Flash, de nombreux épisodes partagnent les mêmes personnages et suivi narratif, et ils viennent d'accoucher de la série DC's Legends of tommorrow. Trop c'est trop, non, je ne verrai pas le remake en série de l'abomination qu'était déjà en film Rush Hour, non, je ne verrai pas Minority Report, ce film est parfait tel quel, laissez-le tranquille, non, je refuse de vous parler de 12 monkeys, remake du sublime film de Terry Gilliam qui a dû défoncer des postes de télévision à voir son univers massacré de la sorte. Bref, tout ça pour vous dire que la récolte a été maigre. 

J'avais donc envie de vous faire une liste de celles qui sortent vraiment du lot et qui méritent toute votre attention, non partagées par le reste des sorties qui ne méritent pas un coup d'oeil.



Hannibal


Oui, je sais, Hannibal n'est pas sortie en 2015, c'est sa troisième saison, mais si j'en parle ici comme de la découverte de l'année, c'est que cette troisième saison est le paroxysme des deux premières. La première saison d'Hannibal était déjà très esthétique et intéressante. Mais je trouvais qu'elle manquait un peu d'originalité dans son système narratif. A la deuxième saison, on comprenait que la première était nécessaire pour entrer dans les arcanes des relations inter-personnages, et ça commençait à gentiment partir en vrille, jusqu'au deux épisodes finaux à couper le souffle autant par leur rythme exaltant (malgré une grande utilisation du ralenti) que par leur beauté esthétique qui amenait presque vers des images surréalistes, voire abstraites, voire expressionnistes. Étonnant, fascinant, brillant et stimulant.


Puis a débuté la saison 3. Et là on tient simplement ce que j'ai vu de plus beau et de plus stimulant intellectuellement sur un écran depuis de nombreuses années. Je suis presque tentée, à la fin de chaque épisode, de le revoir entièrement en mettant sur pause à chaque cadre ou presque, pour comprendre comment cette beauté est construite, pour en saisir les ficelles. A voir absolument, à moins que vous ne supportiez la vue du sang. Pour ma part, depuis 3 ans, il a tendance à m'ouvrir l'appétit. Du coup, juste pour le plaisir, questions images culinaires de la série tout à la fin du billet pour ne pas compliquer sa lecture.

Si toutefois il fallait absolument trouver un défaut à cette série, je n'en vois qu'un seul : elle ne passe pas le test Bechdel.





Mr Robot


Seul le premier épisode a été diffusé pour l'instant, et pourtant, comme les autres critiques professionnels ou amateurs, je crie déjà au génie. Si toutes les séries avec un léger fond politique aux US ont des personnages de hackers depuis 2-3 ans, celle-ci en a fait son personnage principal, sur fond de critique sociale, politique et économique du système. Eliott est incarné à merveille par un acteur presque inconnu, la série est réalisé par le réalisateur de The Girl with the Dragon Tatoo et produite par un producteur de True Detective, rien n'est laissé au hasard (sauf Christian Slater qui en général fait foirer tous les projets de série dans lesquelles il est engagé). Seul bémol au rythme et au visuel impecable : un peu trop de clichés sur le "monde du hacking", les puristes vont grincer des dents. Moi, jusqu'ici, je marche à 100%.





Sense 8


Les Wachowskis, comme il convient dorénavant de les nommer, sont créateurs, scénaristes, producteurs et réalisateurs de plus de la moitié des épisodes de cette première saison (5 sont prévues si les retours sont bons, ce qui a l'air d'être le cas) de Sense8, à prononcer comme "sensate" (= perçu par les sens, ressenti). C'est l'histoire (à peine exposée dans cette première saison) de 8 personnes qui tout à coup se ressentent les unes les autres, elles arrivent à communiquer entre elles et sont liées émotionnellement. Ces personnes habitent dans 8 villes sur plusieurs continents différents (Londres, San Francisco, Berlin, Mumbai, Chicago, Mexico, Mombassa et Séoul), chacune a des talents particulier dont elle va pouvoir faire profiter les autres selon leurs besoins. Rien n'est expliqué dans les permiers épisodes, c'est au spectateur de comprendre par faisceaux d'indices, comme pour les protagonistes qui ne savent pas ce qui leur arrive.
La série a été tournée dans la plupart des villes, beaucoup de scènes extérieures sont très réalistes, le soucis du détail est impressionnant, on sent que les Wachowski aiment et ont beaucoup d'ambition pour ce projet qui a probablement coûté une fortune à produire. Le mélange entre le côté très actuel et réaliste et le côté science-fiction est très intéressant, d'autant qu'il importait aux Wachowski d'aborder des thématiques politiques tout en faisant de la SF, ce qu'ils disent être très rare dans les films de SF (ce qui n'est pas mon avis mais bon). Il y a donc plusieurs personnages gays, un personnage transgenre, une multiculturalité de bon aloi. Mais c'est probablement un peu trop réfléchi pour taper juste et les premières critiques hurlant aux montagnes de clichés qui sont effectivement loin d'être camouflés : le Kenyan jovial et souriant, la Corééenne sérieuse et combative, l'Indienne très religieuse, etc.
Malgré de nombreux et visibles petits défauts, j'avoue avoir été très agréablement surprise par le dispositif mis en place, le fait que les mêmes scènes soient jouées dans des locations différentes et montées en alternance est bluffant, et ça passe sans que l'on se pose de question. Les acteurs sont convainquant même s'ils incarnent des caricatures, mais peut-être était-il nécessaire de pousser le trait afin de bien faire la distinction entre les 8 personnages principaux (sans compter les secondaires). Et, évidemment, Wachowski oblige, au niveau des scènes d'action c'est très convainquant. A binge watcher sans trop se poser de question (sinon les défauts deviennent un peu trop apparents).





UnReal


Je vous ai déjà pondu un article sur ce début de série que j'ai tellement aimée que j'ai revu ses premiers épisodes deux fois afin de bien saisir le rythme énergique et brillant. Attendre les épisodes suivants est néanmoins une torture, je vous recommande le binge watching à la fin de la saison. Pour ma part je vais me torturer chaque semaine et probablement revoir toute la saison à la fin.




The Slap


Un cercle familial élargi, un anniversaire, une gifle.
Puis 12 épisodes, chacun construit autour d'un des personnages présents lors de cette fatidique gifle qui a changé tous les rapports entre eux. Chaque épisode est l'occasion d'approfondir un personnage, ses raisons d'agir et de comprendre ses failles. L'imbroglio se complexifie jusqu'à ce que l'on obtienne un noeud indémélable où il est impossible de prendre parti. Mais n'est-ce pas ça, la famille ?
Très bien fait esthétiquement, un casting qui porte le projet admirablement, une bonne idée de départ, une agréable saison à se poser des questions du genre "et si j'étais à sa place". (Et peut-être la dernière chance de voir Uma Thurman avec son ancien visage ?)





Better Call Saul


Qui n'a pas vu Breaking Bad ? Qui n'a pas su combien cette série est considérée comme une des meilleures séries de l'histoire des séries (on tient un trio de tête avec The Sopranos et Mad Men) ? Bon, ben on reprend un petit bout des mêmes, l'avocat, le détective privé-gros bras, et on repart pour un tour. La différence ? Cette fois-ci, tout le monde fait confiance au créateur dès le début, et il peut donc imposer son rythme (souvent lent), ses plans statiques et silencieux et ses personnages miteux d'anti-héros antipathiques sans devoir s'inquiéter des chiffres d'audience chaque semaine.
Est-ce que c'est bien ? Oui, c'est même très très très bien.
Est-ce que c'est surprenant ? Non, pas trop.
Est-ce que je vais continuer à regarder ? Oui, sans doute aucun.



Du côté des comédies par contre, cette année s'est montrée remplie de navets non-regardables, avec trois toutes petites exceptions, mais qui ne sont pas des sitcoms ahahahahaha, mais plutôt des comédies un peu grinçantes.





  • Togetherness : Un couple, deux amis, des chassés-croisés, beaucoup de poésie, pas d'histoire, juste de la difficile réalité d'être quarantenaire. Et c'est tendre, poétique, touchant... et souvent drôle.


  • The Last Man on Earth : Commence avec un pilote remarquable et hilarant. Puis quelques rebondissements viennent un peu ralentir le rythme, mais ça reste la série la plus drôle de l'année (et quel plaisir de revoir Betty Draper... je ne vous en dis pas plus).



  • Big Time in Hollywood, Fl. : Deux frangins font des films dans le garage de leurs parents qui leur indiquent qu'à trente ans passés, il est grand temps de trouver un appart et un job. La suite est une collection de cafouillages absurdes et spectaculaires, avec des cameos d'acteurs hyper connus qui meurent tous de manière effroyablement jouissive. Léger et amusant.



Séries 2014 que j'ai continué à regarder :




  • Silicon Valley : les nerds startupers sont de retour, et cette deuxième saison monte en puissance, si la première était amusante, celle-ci atteint des sommets d'absurdité hilarants, je suis fan.
  • Halt and Catch Fire : la saison 2 vient à peine de commencer, le côté sombre est toujours là, je ne sais pas du tout ce que ça va devenir, mais je suis déjà totalement accrochée.
  • Game of Thrones : à part quatre scènes mythiques, cette saison m'a nettement moins emballée que les précédentes. Mais c'était aussi le cas pour les bouquins. D'autant que là, avec tous les personnages qu'ils font mourir-ou-en-tout-cas-on-pense-qu'ils-sont-morts-mais-attention-c'est-peut-être-une-ruse, les ficelles commencent un peu à se voir.
  • Vikings : on perd peut-être un peu pied dans cette très-trop longue expédition parisienne, mais je reste fascinée par l'univers visuel et les personnages développés. Encore.
  • Inside No. 9 : la série anglaise continue sur sa lancée, chaque épisode se passe au numéro 9 et raconte une histoire différente, la crème de la crème de la fiction télévisée anglaise.
  • Looking : si la saison 1 m'avait bien accrochée, la saison 2 m'a rendu amoureuse des personnages, malgré les écueils-clichés de la série, je ne suis pas prête de les lâcher. (Malgré le fait que les nouvelles ne sont pas bonnes pour la suite.)
  • True Detective : la deuxième saison, avec d'autres personnages dans une autre région, vient de débuter, pour l'instant c'est à la hauteur de la première, j'attends la suite avec impatience.



Séries 2015 - sélection alternative :


Comme promis en introduction, la sélection de nouveautés est assez pauvre, alors voici encore quelques idées à vous mettre sous les yeux si vous êtes en manque de nouveautés.
  • Fortitude : dans une petite ville du Groenland, isolée de tout, une communauté fait face à son premier meurtre, bientôt suivi d'un deuxième. Et si ces morts n'étaient pas le fait d'un humain ? Une ambiance de huis-clos dans une semi-nuit permanente, l'angoisse est sensée vous glacer. J'ai trouvé malheureusement le rythme beaucoup trop lent pour que l'angoisse pénetre comme elle l'aurait dû. Mais c'est visuellement très abouti et le casting est fabuleux.
  • Empire : soudain, un soap opéra commme on n'en avait plus vu depuis les années 80. MAIS, tout le casting (ou presque) est afroaméricain, leur business c'est la musique hiphop et rythme&blues, et (truc incroyable) un des personnage est gay. Le côté totalement improbable bling bling ghetto faux cil est totalement assumé, à tel point qu'il en devient presque un effet de style. J'ai au final pris un très grand plaisir à regarder cette première saison, et je ne suis pas la seule, il y en aura d'autre. Cette série dont vous pouvez totalement vous passer est néanmoins intéressante pour son côté ovni qui, enfin, ne tente pas de copier quoi que ce soit, elle est à contre-courant de tout ce qui se fait de plus "populaire" ces dernières années, c'est rafraichissant.
  • Secrets and Lies : Juliette Lewis dans le rôle d'une flic intraitable qui poursuit un suspect, incarné par le beaucoup trop lisse Ryan Philippe, le tout n'est pas passionnant, mais le rythme est plutôt bon et le twist final tout à fait imprévisible. Si vous aimez les whodunit, ça peut vous plaire.
  • Aquarius : l'histoire de Charles Manson n'est qu'un prétexte grossier pour se retrouver dans les années 70 en Californie, mais il y a Mulder David Duchovny au générique, qui se comporte en flic macho et alcoolique, on pourrait lui trouver du charme.
  • American Odyssey : une soldate américaine est la seule survivante d'une attaque de drone sur son groupe quelque part dans le Sahara, elle fait partie d'une troupe d'élite de renseignement et pense avoir découvert une magouille financière impliquant des entreprises très connues aux USA. Elle comprend ensuite que l'attaque de drone n'est pas une erreur et s'enfuit. Commence une traque improbable entre le Mali, le Maroc, Paris, etc. De l'autre côté de l'Atlantique, un jeune activiste de Occupy Wall Street découvre qu'elle est encore en vie. Bref, c'est plein d'action et de pseudo politique, c'est surtout très cliché, totalement américain et sans aucune finesse, mais l'action fonctionne. Si vous arrivez à oublier le pseudo disours politique et que vous aimez les ambiances guerrières et de désert, et les complots, ça vous fera voyager.
  • The Whispers : des enfants entendent la voix de celui qu'ils appellent leur ami imaginaire, cette voix leur propose de jouer à un jeu et leur demande de faire des actions qui mettent en danger leurs parents, tous importants d'une manière ou d'une autre (militaires, élus, officiels, etc.). Je ne sais pas où cette série va aller, mais son début est très prometteur au niveau du rythme, le gros complot qui se dessine ne paraît par contre pas passionnant, mais ma curiosité est attisée.
  • No Offence : série anglaise, dans un commissariat particulièrement féminin. Ambiance, comique anglais qui sait toujours si bien côtoyer le grinçant, groupe d'actrices fabuleuse, un bijou sans prétention mais un bijou tout de même.
  • American Crime : je dois me rendre à l'évidence, je ne peux que saluer l'exécution technique à tous les niveaux, mais je me suis ennuyée, tellement qu'il me restent encore plusieurs épisodes à regarder alors que cette première saison s'est terminée il y a quelques semaines déjà. Mais si vous aimez les séries réalistes, les enjeux de politiques actuelles (le racisme, le système judiciaire américain, etc.), cette série a tout pour vous plaire.


Et si vous n'êtes toujours pas satisfaits, mon top 10 des séries sorties en 2014 :






Bonus : Hannibal en cuisine


1 commentaire:

  1. Voici, je pense, le livre qui a inspiré la série "The Slap"... http://www.babelio.com/livres/Tsiolkas-La-gifle/225682 (livre que j'ai adoré cela dit, du coup je vais peut-être me pencher sur la série)

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