29/07/2023

Kouplan, détective clandestin


Kouplan est un détective privé. Ou plutôt détective clandestin. Car il est aussi immigré iranien, en Suède, sans-papiers. Ce qu'il ne dit pas à ses clients. Mais detective privé, quand on sait se rendre invisible, qu'on a du temps, et des notions de psychologies, c'est l'occupation idéale pour se faire payer au noir, et en cash.

Kouplan est un personnage auquel on s'attache et pour qui on s'inquiète en quelques pages. Pour qui il est, redoutablement intelligent, courageux, avec un sens de la déduction passionnant, et pour ce qu'il subit, en tant que sans-papiers, n'ayant pas d'existence légale, devant attendre 4 ans avant de refaire une demande d'asile. 

Sans pathos mais sans adoucir, c'est cru, réel, froid, il fait faim, c'est sale, tout est sale. Je ne sais pas comment l'autrice, qui dit sur son site que ce qui l'intéresse est la recherche d'identité, a fait ses recherches, mais sa plume nous plonge sans pitié, pour ses lecteurices ou pour ses personnages, dans du réel brutal, avec quelques doses précieuses de tendresse pour respirer avant de replonger sur le froid bitume suédois. Et pourtant, malgré la vie très dure de Kouplan, ce n'est jamais glauque.

Sara Lövestam nous colle à ses basques sans espoir de poser le livre avant que l'enquête en cours, et les péripéties personnelles de Kouplan, ne se terminent. À moins d'avoir le tome suivant à portée de main. 

Je vous écris depuis une pause au milieu du quatrième, où après avoir pleuré de joie, je sors respirer avant de me remettre à suivre Kouplan pour l'affaire suivante qui promet d'être particulièrement dangereuse mais, j'espère, pleine de résolutions. 

Quel est le dernier livre qui vous a fait pleurer de joie ? J'ai du mal à croire qu'il ne me reste plus que 200 courtes pages auprès de ce jeune homme. Dont j'ai suivi la faim, le froid, la peur, l'adrénaline et les succès, depuis 3 livres et demi. Il va terriblement me manquer. 

Si vous aimez les polars, si vous aimez les ambiances nordiques, si vous aimez les personnages qui ne vous ressemblent pas, lisez cette série. (Qui a reçu des tonnes de prix littéraires et est éditée en poche chez Pocket.)

Évitez les 4e de couv. si vous n'aimez pas les spoilers, voici l'ordre de lecture :

Chacun sa vérité, Ça ne coûte rien de demander, Libre comme l'air, Là où se trouve le coeur.

En lisant le site de l'autrice, j'ai découvert qu'elle a aussi écrit plusieurs livres de grammaire et qu'elle est linguiste passionnée. Ne lisant pas le Suédois, j'en trouve la traduction française extraordinaire car le héros apprenant le suédois, ses interrogations internes sur le sens de certaines expressions, et ses maladresses grammaticales repérées et corrigées par d'autres personnages sont très bien amenées, sans recours à des notes de bas de page. Les finesses d'accents et de manières de parler entre les différentes couches sociales sont peut-être plus flagrantes en VO, mais j'ai vraiment beaucoup apprécié la langue que j'ai lue. Merci à la traductrice Cecilia Klintebäck.


*******  S P O I L E R S   MAIS PAS TROP  **********


En arrivant en Suède, Nesrine espérait retrouver son frère, ayant fui le régime iranien car il éditait un journal politique critique. Quand son dossier d'asile n'est pas accepté, Nesrine entre dans une vie de sans-papiers en recherche d'identité, et entame une transition. Nesrine sera désormais un homme, et son nom sera Kouplan.

Cette transition qui nous est dévoilée au milieu du 1er roman est une raison pour s'attacher à lui encore plus puissamment. Et l'autrice réussit magistralement à nous plonger dans ces questionnement identitaires, de personnes trans, de personne apatride, de personne en situation d'illégalité, de personne à la rue et complètement démunie.


Si vous m'avez lue jusqu'ici, j'espère que votre prochain move est de commander ces 4 romans chez votre libraire préféré.

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