16/11/2015

Land Art à Yverdon


Je suis fascinée par le Land Art depuis que j'ai vu le film Rivers and Tides autour de l'artiste Andy Goldsworthy. Le Land Art, aussi appelé Environemental Art ou Earth Art, est une catégorisation artistique qui a commencé à poindre dans les années 1960, sa définition est souple. Il s'agit d'oeuvres d'art, souvent de type sculpturale, en lien avec le paysage, formées d'éléments naturels (minéraux ou végétaux), parfois agrémenté d'éléments rapportés (selon les plus souples de ceux qui définissent ce type d'art). La plupart de ces oeuvres sont éphémères, elles ne sont souvent vues sur place que par l'artiste qui les réalise et, la plupart du temps, les immortalise grâce à la photographie.

Depuis de nombreuses années, je collectionne les liens vers les oeuvres qui me plaisent sur un board pinterest, vous y trouverez des oeuvres de Land Art mélangées à des installations urbaines, ce qui pour moi n'est pas antinomique, car elles jouent toutes avec le paysage alentour. C'est sur pinterest que j'avais découvert The RedBall Project que j'étais si heureuse de pouvoir "voir en vrai" à Lausanne quand il est venu... et qui m'a ensuite invitée à Bordeaux pour travailler avec lui. C'est aussi sur Pinterest que j'ai vu passer pour la première fois le nom de Sylvain Meyer. Mais Pinterest m'a rendue paresseuse. Si je continue à faire attention à la source des images que je collectionne, je ne suis pas sortie de la plateforme pour m'informer plus avant sur cet artiste tant la profusion d'images passionnantes qui lui sont attribuées sur pinterest est grande. J'ai donc eu l'heureuse surprise de découvrir dans le 24heures que Sylvain Meyer est suisse, vaudois même, et qu'une de ses oeuvres était en cours de construction en plein centre d'Yverdon. Cette magnifique tornade de bois est une réalisation collective, de Sylvain Meyer, Jan Reymond et Tobias Metzger.

J'ai profité d'une journée ensoleillée pour aller observer cette oeuvre sur la Place Pestalozzi. Pour les curieux, dépêchez-vous, elle ne restera en place que 2 semaines... avant d'être remplacée par un marché de noël et son sapin clignotant...


Je trouve cette pièce magnifique. Comme vous le voyez grâce aux flêches au sol, elle tourne, ce qui fait la joie des enfants, et, par ricochet, des curieux qui l'observent (utiliser les gamins en force motrice, voilà l'énergie du futur).



Les artistes ont utilisé plusieurs couleurs de bois qui mettent en valeur ce mouvement de tornade très réussi. J'ai passé deux heures à observer l'oeuvre et les badauds interagir, j'aurais pu y passer la journée. Comme pour le RedBall Project, je me suis rendue compte que j'ai commencé par l'observer de loin, sous tous ces angles, au milieu de cette place emblématique de la ville. Puis je me suis approchée, progressivement, jusqu'à la toucher. J'ai fait beaucoup trop de quelques photos, puis je me suis approchée à nouveau, pour comprendre comment elle était construite. Ce que j'aime dans le Land art, c'est qu'il n'y a pas de secret. L'effet produit en rapport avec le paysage est impressionnant, mais si vous vous approchez, tout près, vous pourrez comprendre tous les détails d'ingénierie.



Ce que j'aime aussi dans le Land Art, c'est son côté éphémère (que l'on voit très bien dans l'extrait de la vidéo Rivers and Tides ci-dessous), ce qui peut paraître frustrant pour certains me donne à moi une impression de richesse grâce à la fragilité du moment, la magie de l'impermanence. Ce moment disparaît, il a été magnifique, il se suffit à lui-même. Il n'est pas nécessaire de conserver l'oeuvre, son souvenir suffit.

Ce qui me fascine dans le Land Art, c'est l'utilisation de matériaux naturels (minéraux ou végétaux). Toute balade en forêt, ou au bord d'un lac, ou en montagne, peut devenir un moment créateur (à condition d'avoir de grandes poches ou un petit sac). Il s'agit de se plonger dans un état d'observation profond et d'interagir avec notre environnement direct sans penser à autre chose que le moment présent, les couleurs, formes, textures, matériaux qui nous entourent, le paysage dans lequel on est.

Et ce qui me parle particulièrement avec le Land Art, c'est que sa documentation fait partie intégrante de l'oeuvre qui va disparaître. Ce qui restera sont les traces que l'on a décidé (ou non) de conserver. Certains artistes conservent des dizaines d'images de leurs oeuvres sous de multiples points de vue et avec moultes détails, d'autres ne conservent qu'une image, la bonne, celle qui symbolisera l'oeuvre. Il y a de la pipe de Magritte transcendée derrière tout ça, et ça parle à mon petit coeur.

Le fait de voir du Land Art en ville ou dans un musée rend la chose différente, le concept n'est pas le même, mais il permet de s'ouvrir à cet art qu'on n'aurait aucune occasion d'observer autrement... à moins de le créer.

"Black Rock Line" de Richard Long, un des artistes emblématiques du Land Art, sur le toit du CAPC.


Si vous aimez le Land Art, ou avez envie de mieux comprendre ces artistes, je vous recommande les vidéos suivantes : 

  • Rivers and Tides (Thomas Ridelsheimer, Ger, 2001), l'origine de ma fascination pour la Land Art. (Vous trouvez l'intégralité du film sur dailymotion.)






  • "Demi-fleur" une autre oeuvre de Sylvain Meyer où il mélange techniques du Land Art et maping lumineux. Spectaculaire !


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