19/05/2025

Ascendant Beauf

 


Lu en 3h sur une terrasse sans pouvoir le lâcher des mains, le troisième livre de Rose Lamy provoque en moi des réflexions profondes qui vont me prendre du temps.

Après avoir été une de ses très nombreuses lectrices sur son compte instagram Préparez-vous pour la bagarre, j’avais dévoré son premier livre Défaire le discours sexiste dans les médias (2021) dans lequel, avec son style simple et percutant, elle m’a donné des armes très pratiques pour faire exactement ce que son titre promettait. Couplé à l’indispensable Génie lesbien de Alice Coffin qui parle elle de l’intérieur des médias, j’avais deux manuels pour m’aider à déconstruire ces discours que je subissais depuis longtemps sans les voir aussi clairement qu’après cette « formation ».

En bons pères de famille (2023) m’a permis d’affiner mes armes rhétoriques face à celleux qui osent encore des « le féminisme va trop loin ». Toujours aussi facile à lire, il m’a provoqué de nombreux moments Eurêka jouissifs. J’ai aussi été surprise par la manière dont Rose Lamy intégrait son cheminement intellectuel et personnel dans sa réflexion. Cette transparence courageuse donne encore plus de force à cet essai pourtant universel. 

La construction d’un esprit en lutte est un chemin. Le féministe en est un, l’anti-racisme, les luttes pour les droits LGBTIQA+, contre le validisme sont liés et doivent se construire en parallèle. Tout en comprenant nos propres biais profondément ancrés. Mais quand on se pense de gauche, et donc du « bon côté », nos oeillères sur le classisme sont opaques et puissantes.

Dans Ascendant Beauf (2025), Rose Lamy nous parle d’elle, de la diagonale du vide, de gentrification culturelle, et donc de nous.

« Je n’ai pas été convaincue du bien-fondé du féminisme grâce à mes connaissances intellectuelles, mais quand la lutte a débuté sous mes yeux, sur les réseaux sociaux. »

Ne lui en déplaise, son livre sera un excellent point de départ de réflexion du classisme culturel -mais pas que- pour moi. Pour déconstruire mes (nombreux) biais bien sûr. Mais aussi pour penser et panser mes traumas d’auto-dépreciation culturelle. 

Merci Rose.


Je le recommande à toute personne qui s’estime de gauche, qui a des goûts irréprochables, qui parle de terroir et fréquente des épiceries bio, qui pense que les études permettent de réussir ou qui a le privilège de s’autoproclamer décroissante. 

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