15/12/2022

She Said


 

J'adore les films de journalisme d'investigation. J'ai vu All the Presidents Men des tonnes de fois et je trouve qu'il n'a pas pris une ride (sur les journalistes qui ont sorti l'affaire du Watergate). J'ai vu plusieurs fois Spotlight que je trouve extraordinaire (sur les journalistes qui ont sorti les affaires de péd·criminalité dans l'Église catholique), et j'ai beaucoup aimé The Post (cette fois-ci sur le rédacteur en chef et la "publisher" qui ont sorti les affaires des Pantagon Papers)

J'ai pris She Said en pleine gueule. On connait l'histoire : un article du NewYork Times (et un article de Ronan Farrow dans le NewYorker) sort l'affaire Weinstein. S'en suit un tremblement de terre à Hollywood et l'appel à partager nos histoires de harcèlement avec le hashtag #MeToo, qui provoque un tsunami d'histoires rendues visibles grâce à ce hashtag commun, ce qui provoque un tremblement de terre beaucoup plus global, qui était la naissance du mouvement metoo.

Cet article du NYT a été écrit par deux journalistes, Jodi Kantor et Megan Twohey, qui ont enquêté pendant plusieurs mois et réussi à recueillir la confiance de plusieurs femmes qui ont enfin osé accusé le système Miramax en étant nommées. Ce film raconte cette enquête en détail, qui amène ces journalistes dans plusieurs pays, et tout autour des USA, raconte comment la rédaction de leur journal les a soutenues, malgré les menaces, et raconte comment elles sont petit à petit décelé que c'était un système.



Mais même si on connait cette histoire, She Said nous y plonge avec un suspense et une tension dingues. L'impression émotionnelle est d'être devant un film d'espionnage. Je ne sais pas comment c'est possible car dès les premières minutes, j'ai été tellement plongée dedans que j'ai oublié tous mes réflexes d'analyste. Moi qui ai toujours un deuxième écran à portée de doigts, j'ai scruté ce film sans m'en détacher en me faisant happer par le rythme.

Le casting ne gâche rien, Zoe Cazan et Carey Muligan pour les deux journalistes, Rebecca Corbett et Dean Baquett pour la rédaction, et pléthore de femmes dont l'époustouflante Samantha Morton, qui est à peine quelques minutes à l'écran mais déchire tout, Ashley Judd et les voix de Gwyneth Paltrow et Judith Godrèche dans leur propre rôles. Quel courage ! Quelle baffe ! Quel pied !



L'histoire récente est toujours passionnante à voir analysée et ce choc de metoo a changé la vie de tellement d'entre nous. Impossible de ne pas avoir été bouleversées au plus profond et de ne plus pouvoir jamais rien laisser passer.  À chaque fois que j'entends parler d'ère post #MeToo ça m'énerve. Parce qu'on est en plein dedans. Parce que ce n'est pas un point dans l'histoire où des femmes ont parlé et après, hop, abracadabra, ça y est la société a changé. Ce film le montre bien, il montre ce qui s'est passé juste avant que l'ère commence. Parce qu'on a à peine commencé le travail, surtout de l'autre côté de l'Atlantique. Parce que les féministes bossent comme des malades, gratuitement, pour faire bouger cette société pour le bien de tou·te·x·s et que quand on dit "ère post metoo" c'est comme si on nous disait : c'est bon mesdames, on vous a écouté, il faut nous lâcher maintenant.

Ce film nous dit l'inverse. Ce film nous dit : voici le courage extraordinaire de ces femmes qui ont parlé et écrit. Depuis il n'est plus possible de ne plus entendre. Puissant et remuant.

Il est directement entré dans mon top 3 de films de journalisme d'investigation. Foncez le voir.

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