24/02/2019

Sex Education - Russia Doll - The Umbrella Academy



Autant j'ai trouvé la récolte de nouvelles séries 2018 pauvre, autant 2019 commence de manière époustouflante rien que chez Netflix. Trois séries formidables qui ont fait ma joie... en attendant Game of Thrones (avril).


Sex education (Netflix)


Sex education ce sont des ados qui parlent de sexe beaucoup mieux que la plupart des adultes. Si c'est la base de la série (la découverte de la sexualité par des ados), elle va plus loin et nous charme avec ses nombreux personnages originaux et qui se jouent des clichés habituels.
Otis est un ado coincé dont la mère est thérapeute sexuelle (Gillian Anderson). Son meilleur ami Eric, n'est pas cantonné au meilleur ami noir ou gay habituel, déjà parce qu'il est les deux, ensuite parce qu'il est complexe, drôle, sensible et flamboyant, et surtout parce que son histoire à lui est aussi racontée (sa relation avec son père est peut-être ce que j'ai préféré de toute la série). Maeve est brillante, elle utilise sa réputation de bad girl pour éviter que les autres ne s'approchent trop d'elle et découvrent un quotidien qui lui fait honte. Jackson est le sportif d'élite autant aimé par les profs et autres adultes qu'adulé par tous les étudiants, le développement de son personnage vient y ajouter des failles avec délicatesse. Et on s'y attache franchement à ces personnages. Tous, même la bande populaire qui hait tout le monde, même le violent bully qu'on aimerait baffer au début, même la mère intrusive, même la cruche qui ne vit que pour faire plaisir aux autres (jusqu'à ce qu'elle découvre la masturbation), et surtout la fan de science-fiction qui veut absolument perdre sa virginité.



Sous couvert de sexe, cette série parle d'immigration, d'intégration, d'homophobie, d'homophobie internalisée, de parentalité, de harcèlement, de cyberharcèlement, de santé mentale, de santé sexuelle. D'ailleurs, le sexe n'est pas traité comme un problème à résoudre, ce n'est pas un véritable enjeu, c'est simplement un aspect de la vie que les ados sont en train d'apprendre. Et c'est smart, et drôle, et touchant. Et j'ai franchement très rarement entendu parler de sexe sur écran de manière aussi nuancée et intelligente.

Si j'avais un ou une ado de 15 ans à la maison, je lui mettrais cette série dans les pattes. Même si ça jure, même si on voit un sexe masculin et un sexe féminin en gros plan, même si on voit des seins et des fesses, même si on voit quelques actes sexuels (très soft, sans détails). Je pense que ça va leur parler bien mieux et de manière beaucoup plus saine que beaucoup d'autres discours.



Seul petit bémol, j'aurais aimé que cette série ait un ancrage culturel plus marqué. La série se passe au Royaume-Uni, mais les quelques collines verdoyantes autour du village très anglais et le fait que les gens roulent à gauche ne suffisent pas. Tous les acteurs ont cet accent "neutre" typique du contenu télévision, qui finalement est plus proche d'un accent américain qu'anglais, malgré quelques mots qui viennent détromper volontairement cette neutralité. Les dénominations d'écoles et autres différences culturelles sont neutralisées afin que cela passe des deux côtés de l'Atlantique et bien que je comprenne l'envie des producteurs de rendre cette série "vendable" partout, elle perd un peu en richesse identitaire. Ce qui lui donne un côté suranné, hors du temps, dans un monde idéalisé, alors que son propos est on ne peut plus réaliste et contemporain.



Russian Doll (Netflix)


Nadia est à sa fête d'anniversaire, elle sort en direction de la bodega du coin et se fait tuer par un taxi en traversant la rue. Puis Nadia est de retour dans la même salle de bain, devant le même miroir, avec la même chanson qui passe, à sa fête d'anniversaire. Elle va mourir à nouveau, souvent, et toujours revenir au point de départ. Comment peut-elle sortir de cette boucle temporelle ? Pourquoi y est-elle enfermée ? Est-elle en train de devenir folle ?

Cette très jolie série est une gourmandise. La prod. est efficace, les images sont belles, le rythme est soutenu, la musique est fabuleuse. Et on prend un plaisir fou à dérouler les fils narratifs.



L'actrice principale Natasha Lyonne (que vous avez peut-être connu en tant que Nikki dans Orange is the New Black) est formidable. Elle est aussi créatrice de la série (avec deux autres autrices, dont Amy Poehler), réalisatrice d'un épisode (tous les épisodes sont réalisés par des femmes) et productrice de la série. C'est sa ville, son quartier (NYC, East Village), sa bodega du coin, son parc, son univers. Elle est caractérielle, drôle, émouvante, elle parle trop fort, elle boit trop, elle jure trop, elle fume trop. Elle est brillante, fine, poète, élégante. Elle est passionnante.

Une très jolie série que je vais garder au chaud car j'aurai probablement envie de la revoir plusieurs fois (et dont j'ai acheté plusieurs chansons de la bande-annonce tellement j'ai envie d'avoir ces ambiances autour de moi). Foncez.



The Umbrella Academy (Netflix)




Critique complète.
A voir absolument.



Et on n'est même pas encore en mars... si on ajoute la délicieuse Grace and Frankie qui en est déjà à sa 5e saison, Mindhunter et Big Little Lies qui reviennent pour une deuxième saison, The Crown et Stranger Things pour une 3e saison, je crois qu'on peut dire sans crainte de se tromper que Netflix va encore réaliser une très très très grande année... mais est-ce que ça va suffire pour contrer le raz-de-marée annoncé en avril : la 8e et ultime saison de Game of Thrones sur HBO.

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