Le festival de BD lausannois, BD Fil, a commencé jeudi. J'en ai parcouru certaines expositions hier, visite guidée et conseils pour ne pas rater le mieux du must. D'abord : y aller le vendredi après-midi, je sais, c'est trop tard pour vous, mais notez-le pour l'année prochaine. Le samedi et le dimanche les expos sont bondées de monde (à moins de venir super tôt), le jeudi et le vendredi matin c'est bondé de classes. Le vendredi après-midi on peut voir les expos en toute tranquilité.
Cette année, l'invité star-vedette internationale-créateur de l'affiche-chouchou de tous, c'est Lewis Trondheim. Cet auteur, dessinateur et scénariste prolifique, bénéficie donc d'une grande expo consacrée à son univers. Ou plus précisément à ses univers. Sous forme de labyrinthe, on passe de salles en salles et de collection en collection avec beaucoup de plaisir. D'autant que la muséographie est poilante et bourrée de détails crétins. (J'adore la crétinerie.) Quelques photos pour vous donner envie (comptez plus d'une heure pour faire le tour de Trondheimland, ne ratez pas la salle de projection... et les toilettes).
Détail de "l'exposition pif" |
L'expo visible uniquement si tu es un schtroumpf. |
Mais il n'y a pas que Trondheim dans la vie. Comme chaque année, BD Fil s'est installée dans l'ancien Romandie, au fond de la Place de la Riponne, où vous trouvez "Promenade à Trondheimland", mais aussi "La Grande Guerre" de Joe Sacco, "Superhéros, slips et crottes de nez" de Tébo, les "Jardins de la BD" de Bertschy (la même que l'année dernière, ne perdez pas votre temps si vous avez dépassé les 4 ans d'âge mental) et l'extraordinaire "Le Petit théâtre de l'ébriété" de Ruppert & Mulot, coup de coeur du jour.
Je n'ai malheureusement pas de photos car l'installation est dans une pièce très sombre. Une planche nous raconte le début de l'histoire, un casting pour une pièce de théâtre sur l'alcoolisme, puis on arrive devant un tourne-disque muni d'un interupteur au sol. En appuyant sur cet interupteur, une lumière stomboscopique se met à éclairer les personnages en papier déposés sur le tourne-disque qui les rends mobiles, en quelques dizièmes de seconde, ils prennent vie sous nos yeux comme une lanterne magique. Chaque tourne-disque est amené par une planche qui propose un exercice de théâtre correpondant à ce casting improbable, puis le tourne-disque s'anime et montre, quand le spectateur de l'exposition le décide, l'exercice correpondant. Envoûtant, particulièrement bien réalisé, très précis et poétique à la fois. J'ai adoré.
Un petit mot tout de même sur "La Grande Guerre" de Joe Sacco, une salle, une fresque. La disposition paraît ennuyeuse, c'est qu'elle est exigeante, le spectateur doit s'approcher, observer, détailler, s'éloigner à nouveau, pour saisir l'ampleur du travail et l'ambiance globale qui en ressort. A éviter si la salle est pleine, si vous l'avez pour vous quelques minutes, approchez-vous, plongez-vous dans ces visages.
L'autre expo phare de cette édition BD Fil 2014, c'est "Les Mondes de Gotlib". Des dizaines de planches, de toutes les époques, des films, encore des planches plus grandes, quelques objets, un parcours retracé dans toutes ces étapes. Pour les fans de Gotlib c'est la fête du slip. Moi j'avoue avoir été déçue par la muséographie pas passionnante, comme souvent pour les expos BD Fil à l'Espace Arlaud, c'est d'autant plus flagrant après les trésors d'ingéniosité des muséographes dans l'espace Romandie. Mais ça reste une expo sur Gotlib, c'est donc truculent et passionnant.
L'Espace Arlaud comporte également une exposition présentant le magnifique travail de Emmanuel Lepage "Fragments", auteur que je découvrais. J'ai été fascinée par ses portrait et la richesse de ses couleurs, et passionée par le film qui raconte son retour au Nicaragua après les deux tomes de Muchacho, qui racontent (si j'ai tout compris) la révolution sandiniste. Je vais me pencher sur son oeuvre de plus près.
A Arlaud est aussi instalée l'exposition "Animaux Disparus dans les marais d'amnésie" de Poussin. Un bestiaire halluciné sur des planches A4, entourées par une fresque acidulée, bien délirant, j'ai beaucoup apprécié.
On y retrouve également une deuxième exposition de Ruppert & Mulot "La Visite des Lycéens". Le jeu porte cette fois-ci sur un atelier d'art contemporain fait avec des ados. Quelques planches pour expliquer le concept, puis des installations d'art contemporain. C'est didactique pour ceux "qui ne comprennent rien à l'art contemporain", ludique, très bien mis en scène. La participation active du spectateur est nécessaire pour comprendre l'intégralité de l'histoire. Sur la photo ci-dessus par exemple, impossible de lire ce dessin sans s'allonger sur ce tatami et coller son crâne contre le mur, seul moment où la perspective permet de reformer ce dessin final. Brillant. J'adore.
A Arlaud toujours, l'exposition "Périples masculins", BDFil a demandé à 15 illustratrices et bédéistes suisses leur regard sur les hommes. Chacun a réalisé un portrait d'elle, un portrait de "son homme" (grrrrrrr, le côté hétérocentré de la consigne m'a fait grincé des dents, heureusement, certaines ont détourné l'idée) et une valise.
Comme dans toute exposition collective, tout ne m'a pas intéressé, mais ces regards différents sur la masculinité sont passionnants. Certaines auteures sont restées au dessin, d'autres sont passées à l'art plastique, la diversité des techniques enrichit la diversité des points de vues sur ces masculinités depuis des regards féminins. Un bon endroit où flâner et faire voyager son cerveau.
En plus du Romandie et de l'Espace Arlaud, vous trouvez une expo au Musée de la Zoologie (une expo des animaux de Derib), et des expositions à l'entrée libre au Forum de l'Hôtel de Ville (exposition "Tacatacatac !" qui interoge l'onomatopée en bd), sur la place de la Riponne autour de la fontaine ("Exercices de Style" de Matt Madden) et dans les containers bleus ("L'Oeuf" d'Anna Sommer & Noyau et "Dessinateurs de Demain 2014").
Il faut bien compter une demi-journée pour tout voir, ou y aller plusieurs fois. Vous pouvez acheter des tickets pour plusieurs jours, ou profiter de l'offre dégressive dès 17h (attention, la porte de la plupart des expos ferme à 19h). D'autant qu'il y a encore l'espace des microéditions, installées cette années dans "la cuisine" derrière l'entrée "Payot" (oui, c'est absurde, m'enfin au moins ils ont un vrai lieu à eux cette année), les bd d'occasions dans la tente sur la place, et l'espace de dédicaces qui est cette fois-ci en dur, tout au fond de la place. Mais personnellement, malgré la fascination de voir le dessin se faire sous mes yeux, faire une heure de queue face à un dessinateur stressé qui aura déjà entendu ma question 82'000 fois m'ennuye profondément. Ce qui ne m'empêche pas de craquer parfois pour agrandir ma collection de rhinocéros. Ce que je n'ai pas fait cette année parce que j'en ai débusqué un dans une des expositions (Périples masculins).
A BD Fil officiel, vous trouvez aussi des courts-métrages, des conférences, des rencontres avec les auteurs, des fêtes tous les soirs (en général au Bourg), je n'ai rien fait de tout ça cette année, les 5 ans du Pi Bar et le Marché ProSpecieRara ayant également lieu ce week-end.
Ce que je n'ai pas manqué de faire par contre, c'est de me rendre à la librairie HumuS où une double exposition BD Fil off a lieu dans la galerie Filambule qui présente deux auteures : Isabelle Pralong et Aurélia Aurita. Isabelle Pralong est une auteure suisse dont j'aime beaucoup l'univers, c'est un régal de le retrouver ainsi.
Quant à Aurélia Aurita, elle n'est plus à présenter, les deux tomes de Fraise et Chocolat ont fait un tabac. Je les avais à l'époque lus en librairie, trop fauchée pour les acheter, je me suis vengée en donnant des sous à HumuS pour l'intégrale, ainsi que Buzz-Moi où elle raconte le succès des deux tomes en s'en prenant sévérement, pour mon plus grand plaisir, à certains magazines et télévisions.
Voici donc mon panier de courses BD Fil 2014, l'autocollant Plonk et Replonk en bonus. Et surtout, le Choc Oh la la de Crème Renversante avec ce magnifique dessin de Tom Tirabosco. Tout dépensé dans la caisse de HumuS, plus quelques badges aux punks de la microédition, comme d'hab, je ne suis pas mécontente de ma journée.
EDIT : j'y suis repassée le dernier jour en fin d'après-midi, juste pour profiter une dernière fois de l'ambiance du lieu, je ne résiste pas à vous montrer quelques photos.
Veinarde ! (et Filambule :-)) (et chocoquine)
RépondreSupprimerMmmh...Un bar à chocolat a été ouvert à La Chaux-de-Fonds par la créatrice de Créme renversante...Je dis ça, je dis rien ;)
RépondreSupprimerHAN (dit-elle en mangeant un caramel au coing de la Crème Renversante) J'ARRIVE !
SupprimerSi tu viens, fais moi signe ;) !
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