Quand la guerre en Ukraine a commencé le 24 février, soudain, l'Europe s'est rapetissée. Ce qui parfois nous parait très lointain est là, à quelques heures de voiture et de train. Mais à moins d'y avoir déjà voyagé, ou de connaitre une personne aux origines ukrainiennes, nous étions nombreux à ne rien connaitre de ce pays, à part quelques bribes à base de Tchernobyl, ex-URSS, ... et pas grand chose d'autres. C'est dans cette région floue d'Europe de l'Est, où on ne détache des pays qu'après y avoir voyagé, même si nos cours d'Histoire nous en ont enseigné les frontières.
En quelques jours, après avoir été épidémiologistes, les spécialistes géopolitiques ont pullulé. Et m'ont très vite fatiguée. En allant chercher des voix sur place, et comment m'informer sans me terroriser, je suis tombée très rapidement sur le message d'un chef ukrainien, très vite rejoint par d'autres, puis par un collectif : Cook for Ukraine. Derrière cet appel, il y a plusieurs choses. Déjà une levée de fonds, afin que les restaurants qui continuent tant bien que mal à fonctionner puissent nourrir les habitants alentours gratuitement. Mais plus profondément, il y a aussi un appel à la découverte de la culture ukrainienne. La nourriture, c'est de la culture.
En parlant de leurs plats, on parle d'identité, d'Histoire, de géographie des sols et du climat, on parle d'influences et de différences régionales, on donne corps dans notre esprit et par nos sens à un pays et aux saveurs de son peuple. Et on ne pourra plus jamais le confondre avec la Russie. La culture gastronomique n'est pas neutre. Dire que le bortsch est ukrainien n'est pas neutre (même si c'est factuel). Et #CookForUkraine c'est de la gastrodiplomatie (c'est quoi ? Je laisse Alessandra vous expliquer.)
Si vous avez envie de soutenir financièrement ces actions, je vous propose : l'incroyable organisation World Central Kitchen du chef Jose Andres, qui était sur place moins d'une semaine après le début du conflit pour nourrir les réfugiés à la frontière et est aujourd'hui à l'intérieur du pays, juste derrière les lignes de l'armée ukrainienne pour nourrir la population (et qui le fait pour chaque crise humanitaire, en se déployant en quelques jours partout dans le monde).
Aujourd'hui, c'est la guerre depuis plus de 2 mois, beaucoup de chefs et de personnalités ukrainiennes continuent à insister sur l'importance de partager et découvrir leur cuisine et leur culture. J'avais envie de vous proposer quelques recettes, que j'ai testées avec succès, afin que vous aussi puissiez rejoindre le mouvement, en partageant vos résultats avec les tags #CookForUkraine et #ChefsForUkraine.
Mes recettes viennent de sites ukrainiens de chefs ou de blogueurs et blogueuses internationaux avec des origines ukrainiennes, j'ai essayé de les adapter de manière à garder le plus de saveurs possible, parfois en les simplifiant ou en proposant des ingrédients qu'on trouve facilement ici. Si vous voulez aller lire les originales, commencez par Ievgen Klopotenko, qui a traduit ses recettes en anglais et a écrit plusieurs livres de cuisine.
Enfin, si vous avez la flemme, pas les capacité ni le temps de cuisiner, mais tout de même envie de découvrir la cuisine ukrainienne, à Lausanne vous pouvez aller au très joli Sémaphore (qui collecte également des objets de première nécessité pour les réfugiés, lisez leur liste avant d'y aller) ou passer commande chez Babouchka.