On y est, la "rentrée" des séries du début de l'année a débuté. Mais l'idée même de "rentrée" des séries est devenue obsolète. Le système de diffusion que suivaient les chaînes traditionnelles en dévoilant leurs nouveaux programmes en septembre et janvier a été totalement bouleversés ces dernières années par les chaînes du type HBO et par les diffuseurs du type Netflix ou Amazon (que je vous expliquais ici). Il y a donc des lancements de séries tout au long de l'année, même si les mois de janvier-février et septembre-octobre restent des jalons importants par habitudes, certaines chaînes continuent à s'y conformer, mais surtout les critiques traditionnels continuent à faire tout un pataquès de "la rentrée des séries". J'ai pour ma part décider d'arrêter. Je vais plutôt vous faire un point, régulièrement, sur les nouveautés qui valent le détour.
Avant de rédiger une critique de série, j'essaie de voir au moins trois épisodes, voir toute la première saison, mais parfois un pilote suffit pour savoir que c'est mauvais. Je vois à peu près 80% des séries US qui sortent, plus de nombreuses anglaises et quelques unes d'autres types de production (Amérique Latine, Japon, pays nordiques, etc. - quoiqu'elles soient souvent beaucoup moins faciles à trouver). J'élimine d'office les daubes absolues (mal filmé, mal joué, aucun rythme, caricatural, etc.) (exemple : State of Affairs). Par contre, je garde parfois des "navets" car ils peuvent être très divertissants et car j'ai besoin de séries qui m'aident à mettre mon cerveau sur off régulièrement (Helix et sa bande-son hilarante face à l'horreur du scénario me procure un intense plaisir).
On m'a demandé plusieurs fois comment je gérais toutes ces séries. Je m'aide du site betaseries qui permet de se tenir au courant des nouveautés (calendrier), d'ajouter les séries que vous suivez, d'avoir des alertes quand une nouvelle saison commence, de savoir où on en est d'une série particulière, de noter les épisodes et les séries, etc. Sur ma liste de séries, vous pouvez remarquer une énorme profusion, c'est parce que j'ai gardé toutes les séries que j'ai aimées pour une raison ou pour une autre, et aussi parce que j'y ai intégré toutes les nouveautés que j'attends. Et comment je fais pour en voir autant ? Et bien je n'ai pas la télé, c'est assez simple.
A côté de ça, si mes billets vous manquent (certains me les réclament, vous êtes choupidou), je vais tenir à jour plus précisément mon board pinterest 2015 en y ajoutant des commentaires et des notes, afin que vous puissiez vous faire une idée des nouveautés. Je tiens également à jour ma page séries sur laquelle vous retrouvez les séries que j'apprécie classées par thématiques et par ordre alphabétique si vous cherchez de nouvelles idées à regarder.
Passons aux critiques, deux coups de coeur et beaucouuuuup de déceptions et de séries à oublier très vite.
Olive Kitteridge
Mini-série de quatre épisodes qui nous plonge dans le quotidien d'une femme usée, froide, paraissant dépressive, ne prenant jamais la peine d'enrober ses propos, très observatrice et donc toujours au courant de tout ce qui se passe dans son petit village de la côte de la Nouvelle Angleterre, délicieusement misanthrope. Une performance de Frances McDormand, saluée par la critique et plusieurs prix tout à fait mérités, réussit à glisser une infinie tendresse sous des dehors parfaitement acariâtres. La réalisation est aussi subtile que le scénario. Un bijou qu'il convient de voir d'un coup, comme un polar qu'on dévore. Si les trois premières heures vous ôteront toute joie de vivre, dès l'apparition de Bill Murray, j'espère que vous allez vous exalter autant que moi par ces personnages si vrais, par cette plongée dans l'humain à travers quatre époques de vie, par ces acteurs extraordinaires et par l'intelligence de la globalité de cette série.
Dernière série Amazon, diffusée en décembre 2014. Je vous expliquais le système de sélection et diffusion Amazon dans mon dernier article. "L'équipe à Coppola-Anderson" (respectivement Sofia et Wes) imagine un jeune Chef (d'orchestre) venant tout bouleverser sous les traits de Gael Garcia Bernal. C'est absurde, caricatural, drôle, provocateur, sexy, particulièrement bien observé, fantaisiste, très bien mis en lumière, avec des décors magnifiques et d'excellents interprètes, et une partition musicale passionnante (évidemment), et ça fait un bien fou.
The Missing
Mini-série anglaise tournée en grande partie en France, The Missing raconte l'enquête qui suit la disparition de Oliver Hughes, un petit garçon de 5 ans, disparu un soir pendant ses vacances en France avec ses parents. Le couple de parents ne s'en remettra pas. 8 ans plus tard, après leur divorce, le père, impressionnant James Nesbitt, continue à enquêter. Il sera vite rejoint par l'enquêteur principal de l'époque de la disparition, incarné par Tchéky Karyo pour mon plus grand plaisir. Entre indices, soupçons, mensonges, frustrations, manigances politiques, le mystère de la disparition s'épaissit plus l'enquête avance, avec de nombreux rebondissements inattendus qui perdent le spectateur qui croit avoir dénoué l'intrigue. Le jeu entre les différentes époques contribue à nous perdre, tout en nous maintenant dans le suspense sans pouvoir s'en détacher. Les amateurs de polars devraient adorer.
Une subculture qui ne me passionne pas (le combat de MMA, les salles d'entraînement, ...), des valeurs qui ne me parlent pas (la compétition, l'argent, ...), mais une série qui m'a fascinée. D'abord c'est très très bien mis en images, cette série est vraiment très belle, la lumière, le cadrage des corps, des visages, des ambiances. Un rythme ensuite, qui passe de l'exalté à des moments presque contemplatifs. Et des acteurs et actrices époustouflants. Cette première saison parle de famille, d'amour, de cul, de drogues, de prostitution, de sport extrême, de combat, d'auto-discipline. De la sueur, des larmes et du sperme. Couillu, beaucoup trop à mon goût, mais tellement bien fait que je ne peux que m'incliner.
Oh une fresque historique ! Depuis les succès de Mad Men, Boardwalk Empire, Downton Abbey ou encore Vikings, les adaptations en séries de périodes historiques plus ou moins réalistes pullulent. Ici, une partie trèèèèès romancée de la vie du jeune Marco Polo à la cour du grand Khan, l'empereur Mongol qui régnait à l'époque sur une grande partie du territoire chinois actuel. Netflix y a mis des moyens, les décors et costumes sont somptueux, on se croirait dans Game of Thrones (ce qui ne devait pas être le but, ahem), les lumières et scènes de combat et batailles ont été calculées méticuleusement, ça se sent à chaque instant (ce qui n'est pas non plus le but du truc, si ça se sent, c'est que c'est mal réalisé). Si tout ça avait été accompagné d'une bonne équipe de scénaristes et d'un monteur qui a un peu la pêche, ça aurait pu être intéressant. Ce n'est pas le cas. D'autant que l'acteur principal a la puissance expressive d'une limande, un genre de énième sous John Snow. En un mot ? Raté.
Autre époque historique, l'esclavage. La série commence comme un procès, des notables blancs écoutent une femme, noire, témoigner et raconter son histoire qui débute sur le continent africain avant d'embarquer de force pour la traversée de l'Atlantique et d'arriver sur la côte américaine, rien que dans le premier épisode. Si celui-ci est un peu vite expédié, un peu (beaucoup) caricatural (on ne montre pas l'Afrique comme dans Tarzan, mais on est tout de même à Hollywood dans tous ses codes, y compris familiaux, qui m'ont fait grincer des dents pendant toute cette partie-là), on sent le traitement très soigné des personnages, quels qu'ils soient (esclaves, esclavagistes, femmes, hommes, enfants). Je ne sais pas encore si le reste de cette série remontera le niveau et fera oublier ce pilote peu documenté. Mais j'ai l'impression que ce pan de l'histoire américaine a mis tant de temps à être traité, que cette série va de toute manière être importante, qu'elle soit réussie ou ratée, elle a le mérite d'exister. Cette voix de femme noire qui utilise le pronom "je" en voix principale est si rare qu'elle fait du bien, et l'héroïne a l'air d'être une femme brillante, courageuse, combative et tout à fait passionnante, je me réjouis de la suivre.
State of Affairs
On trouve que Homeland s'essouffle et devient caricatural ? C'est parce qu'on s'est habitué à la qualité (sa dernière saison est d'ailleurs excellent malgré quelques disparités entres les épisodes).
Deux autres séries essayent de jouer sur le côté affaires étrangères US, espionnage, femme d'action blonde... Madame Secretary et State of Affairs. Si la première tire péniblement son épingle du jeu grâce à sa formidable protagoniste, à des traits d'humour et quelques dialogues savoureux, malgré un ensemble poussif, la deuxième est une catastrophe.
State of Affairs est une pâle et misérable copie de mille trucs qui ont marché ces dernières années, sans leur arriver à la cheville. A vouloir faire trop consensuel on perd tout intérêt. Le scénario est ridicule (au bout de 5 minutes je pouvais vous dire que le soldat-fiancé mort n'est pas vraiment mort et que le petit nouveau du bureau est un peu un méchant mais quand même l'héroïne va flirter avec. Si je me trompe, vous qui aurez le courage de voir plus loin que le premier épisode, merci d'infirmer mes prédictions...), la direction d'acteur poussive, il y a eu plus de temps et d'argent sur les costumes, coiffures et maquillages que sur n'importe quoi d'autre (payez-vous un monteur les gars !). A éviter.
Le "futur" est abominablement raté, on voit à peine une cage, façon cage à lion comme utilisait Charlie Chaplin dans le Cirque, mais bon, on est 87 ans plus tard, on est en droit d'espérer que les décorateurs et les effets spéciaux ont un peu évolué, apparemment pas l'équipe de 12 Monkeys. Si une sous-saturation et un montage parfois rapide sont sensé suffire à donner une ambiance de gravité, de peur, de suspense et de complot mondial, moi ça ne m'a pas suffit. Une telle somme de non-talents qui ne cherchent qu'à copier ce qui marche me déprime.
Si rien de ce que je vous ai présenté ici ne vous tente, ce que j'ai vu de mieux ces derniers mois c'est Transparent, The Affair et Olive Kitteridge, trois séries récompensées récemment aux Golden Globes. Si vous avez envie de rire il y a les formidables scénaristes-réalisatrices-comédiennes-créatrices de Broad City qui vient d'entammer sa deuxième saison.
The Librarians
Après les copies des séries historiques et des séries politique, copie des succès SFFF. Cette daube tente de copier et mélanger rien de moins que Doctor Who, Sydney Fox, Indiana Jones, Buffy, avec un côté sitcom, mais en nul. Même s'il y a le délicieux Noah Wyhle sur cette image, ne vous laissez pas tromper, il est là juste pour l'accroche, pour tous les épisodes suivants, c'est l'autre équipe que l'on va suivre, et c'est bien dommage car c'est le seul acteur qui est drôle et un tant soit peu talentueux de l'équipe. Nul.Ascension
En 1963, en plein guerre froide, le gouvernement américain envoie secrètement 350 personnes dans l'espace pour coloniser une autre planète après un voyage qui durera un siècle. En 2013, une jeune femme est assassinée, le premier meurtre du vaisseau ISS Ascension, et les problèmes commencent. L'idée de base est formidable, un huis-clos, dans l'espace, une communauté restée bloquée au début des années 60, un meurtre qui vient forcément "de l'intérieur", je me réjouissais. Sauf que l'équipe de scénaristes, au lieu de profiter de toutes ces thématiques fantastiques, a simplement jeté une pincée de "série historique", une pincée de "série policière", une goutte de SF et un peu de cul, pour faire bonne mesure. La sauce ne prend jamais. Cette mini-série (depuis quand on appelle un très long métrage une mini-série au fait ?) retombe comme un soufflé mal équilibré, le twist sensé nous accrocher au sujet (allez, je spoile pour que vous ne voyez pas cette bouse : en fait ils ne sont pas dans l'espace mais restés sur terre et font partie d'une expérience sociologique pour des futurs voyages dans l'espace) est totalement foiré. Ces 3 épisodes qui me paraissaient trop peu pour un tel sujet sont au final beaucoup trop longs. Déception.12 Monkeys
Cette série est l'adaptation non pas du chef d'oeuvre de Terry Gilliam, mais du roman éponyme. Vu de la série Fargo, qui a réussit l'exploit d'être aussi bien que le film Fargo, je me disais qu'il y avait une chance pour que ce soit pas mal. Malheureusement, j'ai déchanté dès les premières minutes. Surfant sur la vague des séries "épidémies" (rien que ces 12 derniers mois : Z Nation, Helix, The Strain, The Last Ship), c'était un bon timing pour sortir 12 Monkeys. Si vous avez vu le film, vous connaissez l'histoire et les trois protagonistes principaux. (Si vous n'avez pas vu le film, arrêtez de lire tout de suite pour le trouver, c'est un chef d'oeuvre, oui, je me répète, mais vraiment, il FAUT avoir vu ce film.) Vous retrouvez sur la photo ci-dessus l'homme qui vient du futur, qui est mou, inexpressif et pas du tout convainquant, la médecin spécialiste en épidémiologie, blonde, apeurée et fade, et le fils, ici la fille, du milliardaire, totalement barrée qui va inventer le virus qui mettra fin à l'humanité telle qu'on la connait. Non, je ne spolie pas, c'est LA photo qui est montrée partout, aucune surprise donc (malgré ce que le pilote essaie de nous faire croire à la fin de son épisode).Le "futur" est abominablement raté, on voit à peine une cage, façon cage à lion comme utilisait Charlie Chaplin dans le Cirque, mais bon, on est 87 ans plus tard, on est en droit d'espérer que les décorateurs et les effets spéciaux ont un peu évolué, apparemment pas l'équipe de 12 Monkeys. Si une sous-saturation et un montage parfois rapide sont sensé suffire à donner une ambiance de gravité, de peur, de suspense et de complot mondial, moi ça ne m'a pas suffit. Une telle somme de non-talents qui ne cherchent qu'à copier ce qui marche me déprime.
Si rien de ce que je vous ai présenté ici ne vous tente, ce que j'ai vu de mieux ces derniers mois c'est Transparent, The Affair et Olive Kitteridge, trois séries récompensées récemment aux Golden Globes. Si vous avez envie de rire il y a les formidables scénaristes-réalisatrices-comédiennes-créatrices de Broad City qui vient d'entammer sa deuxième saison.
Mais comme tu spoiles Ascension sans la moindre vergogne, c'est inadmissible de la part d'une blogueuse influente ça madame!
RépondreSupprimer(très bon billet sinon, bisous! ;-) )
Je ne suis pas aussi bonne que toi en bannières d'alerte spoiler, que veux-tu. :-)
SupprimerAh, quand blogspot passe de .fr à .ch, il bouffe les commentaires au passage, c'est ça ?
RépondreSupprimerDonc je te remerciais d'avoir insisté pour Mozart because malgré les quelques énormitudes j'ai bien ri pendant le pilote. Je vais donc pousser plus loin avec grand plaisir.
RépondreSupprimerTrès bon résumé de mon avis sur The Librarians !!! J'approuve à 100%
RépondreSupprimerUn article qui tombe à pic!
RépondreSupprimerJ'ai déjà découvert plein de chouettes séries grâce à toi...
L'adaptation d'Olive Kitteridge (j'avais adoré le roman!) et The Missing me tentent beaucoup :-)
80% des séries US, tout de même... Je suis impressionnée.
RépondreSupprimerMerci pour ces découvertes et ces coups de cœurs.
Et au fait, tu regardes Broadchurch? J'avais aimé la saison un; je suis droguée de la saison deux!!!
RépondreSupprimerA tel point qu'à chaque fin d'épisode je m'exclame "ho nooooooon!" (ca finit beaucoup trop vite :O)
Le duo d'acteurs Olivia Coleman et David Tennant est incroayble et fonctionne à la perfection. La photographie est sublimissime. Tous les acteurs absolument parfaits et en bonus il y a Charlotte Rampling dans le rôle de l'avocate infatiguable :O
La saison 1 : http://funambuline.blogspot.ch/2013/09/rentree-des-series-2013.html ;-)
SupprimerPour la 2 j'attends de pouvoir la binge watcher :-)
tu fais bien; l'attente chaque semaine est insupportable... mais bon; je suis crochée!
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